Les Algériens se sont acclimatés avec les images de routes «défoncées» par les travaux Il est inadmissible qu'une entreprise qui effectue des travaux sur les voiries, ne les remettent pas en état. Les 12 travaux d'Hercule semblent ridicules comparés à ceux que les entreprises algériennes effectuent sur les routes du pays. Sinon, comment expliquer le fait que ces travaux n'arrivent jamais à leur fin? Par fin, il est bien sûr sous-entendu remettre la chaussée et les trottoirs en leur état. Cette doléance, qui n'en est pas une, puisqu'elle est normalement obligatoire dans tous les cahiers des charges, paraît hors des préoccupations de ces entreprises. En effet, les Algériens se sont acclimatés avec les images de routes «défoncées» par les travaux. A la cité Saïdoun-Mohamed de Kouba, plus connue sous le nom de Dallas, des travaux pour le changement de conduites d'égout ont été effectués au début de l'été. Les travaux avaient pris un temps fou pour être terminés, ce qui avait causé des embouteillages monstres sur cette route qui se trouve à proximité de la grande station de métro du Lotissement Michel. Les automobilistes pensaient que cette situation n'allait durer que le temps de ces fameux travaux, mais comme c'est devenu la règle en Algérie, presque deux mois après, la chaussé est toujours «ornée» de ces magnifiques trous. Par la grâce du ciel aucune catastrophe n'a été enregistrée. Les automobilistes qui empruntent cette route sont obligés de virer sur la gauche, c'est-à-dire sur la voie inverse pour pouvoir rouler! Mais si la situation persiste, la catastrophe tant redoutée ne saurait tarder, surtout avec les bus qui passent à vive allure sur ce tronçon. En plus du danger de mort qui guette les automobilistes et les piétons, vu que même les trottoirs sont dans la même situation, les voitures, elles, risquent d'être endommagées par ces crevasses. Malik, un habitant du quartier crie au scandale: «C'est quoi ce pays où les routes ne sont pas réparées après des travaux? Regardez les embouteillages que cela crée, et ce, sans parler des accidents que cela peut provoquer. Les autorités doivent réagir une bonne fois pour toutes, et pas seulement ici à Dallas, mais dans tout le pays, car c'est une pratique très répandue.» Malik, nous montre non loin de là, à l'entrée de la cité Maya, juste avant le barrage de police plus précisément, un affaissement dans la chaussée qui a eu lieu la semaine dernière. «Les agents de l'Asrout, sont venus le réparer. Mais regardez de quelle façon! Ils ont juste bouché le trou. La route s'est affaissée le soir même. Si un gros camion passe, ce sera la catastrophe assurée», peste-t-il. Malik, un riverain scandalisé, a tout à fait raison, la pratique s'est généralisé à travers tout le territoire national. Autre exemple: les travaux du tramway d'Alger, entamés il y a des années, ont ravagé les routes qui sillonnent son tracé. Même sur le bout de chaussée qui reste aux automobilistes, les dégâts sont visibles. Des routes défoncées, des gravats jetés un peu partout. Les travaux bloquent la circulation et les trous viennent ajouter du piment au malheur des automobilistes. Le bitumage et l'aménagement des trottoirs n'a pas l'air d'être la préoccupation de Amar Tou. «On livre et c'est Tou», a l'air de dire le ministre des Transports aux Algériens. Les balises en forme de cônes utilisées lors des travaux ornent encore la chaussée. Les piétons ne trouvent pas où marcher et la poussière règne en maître. C'est toujours le cas à la cité Rabia-Tahar aux environs de Bab Ezzouar. Si des grands chantiers comme celui du tramway ne «nettoient» pas derrière eux, pourquoi les petits entrepreneurs le feraient-ils? Au Hamiz, par contre, c'est plus anecdotique. Un rond-point a été aménagé juste à côté du commissariat de police, il y a quelques années. Jusque-là, rien d'anormal sauf que...la chaussée a été refaite mais juste à côté du rond-point, un tronçon a été laissé depuis la construction de cet ouvrage, sans bitumage. Le tronçon laissé au milieu de la route est tellement énigmatique qu'il a fasciné les citoyens qui empruntent cette route. Ils s'amusent à spéculer. «Ils ont eu assez de goudron? L'ont-ils laissé exprès pour embêter les automobilistes? Est-ce une nouvelle méthode pour inciter les automobilistes à ralentir aux ronds- points?...», ironisent les citoyens. Ces derniers pointent du doigt le manque de coordination entre les différents intervenants dans ce chantier. On goudronne une route pour que juste après, une entreprise vienne effectuer des travaux sur ce nouveau bitumage sans le remettre en état une fois les travaux terminés «Par exemple, on remplace les canalisations de gaz vétustes par des nouvelles, et on a posé de l'asphalte dessus. Après, on veut réaménager les trottoirs pour que la voirie soit totalement conforme. Mais on se rend compte qu'il y a des tassements et des effondrements à certains endroits où les nouvelles conduites ont été placées. Du coup, il faut refaire les fondations, les assises des voiries...Et j'en passe», résume de son côté, un citoyen exaspéré par cette incompétence qui s'est ancrée dans tous les secteurs. Les chantiers entravent la circulation et provoquent des nuisances sonores. Ce sont quelques petits exemples pris sur le vif, la situation est bien plus grave qu'on l'imagine: cette pratique se répand à tout bout de champ. Comme cela se fait dans tous les pays du monde, si quelqu'un bénéficie d'un chantier, il doit tout naturellement et obligatoirement remettre les lieux en l'état. Cette question doit être prise en considération le plus rapidement possible par les autorités, car non seulement elle provoque des désagréments aux citoyens, mais menace leur santé en risquant de provoquer à tout moment des accidents. Alors dans un pays qui n'arrête pas de compter les morts sur ses routes, ce ne sera pas un luxe de faire un minimum pour les éviter.