Samedi 20 août débute le compte à rebours pour les Palestiniens, qui auront à assumer leur destin et celui de leur pays. En fixant la date du dépôt de la demande pour une admission de la Palestine à l'ONU, ils viennent de réaliser une césure dans le cercle vicieux qui les enfermait depuis de longues années dans la fausse croyance que quelque chose pouvait sortir de leur tête-à-tête avec Israël. Il fallait y croire, bien sûr, mais, surtout, avoir l'opiniâtreté de franchir le pas. Ce Rubicon qui a maintenu les Palestiniens dans le faux espoir que les Etats-Unis protecteurs d'Israël, sur lequel ils s'interdisent de faire pression lorsque ses agissements mettaient en péril la paix au Proche-Orient - travaillaient effectivement à une issue juste et équitable du contentieux israélo-palestinien. Le problème n'est pas de mettre en doute la sincérité des dirigeants américains, mais la manière même avec laquelle fonctionne le système américain, le poids des lobbies dans la prise de décision, singulièrement dans le cas qui nous occupe, met en porte-à-faux leur volonté d'aboutir à une solution acceptable par les deux parties. M.Obama, qui a reconnu lui-même le fait que la colonisation constituait un obstacle sérieux à la poursuite des négociations, n'en continuait pas moins de presser les Palestiniens de négocier directement avec Israël sachant, assurément, que l'impasse est devenue insurmontable du fait de l'accélération par Israël de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupées et son refus de tout gel des constructions. Dès lors, les pourparlers palestino-israéliens sont devenus sans objet. Cela fait 20 ans que les Palestiniens sont tournés en bourrique par Israël et ses protecteurs US, du fait que les négociations n'ont été que de pure forme dès lors qu'aucune question de fond: frontières, statut de Jérusalem-Est, droit au retour en particulier des réfugiés, n'a été abordée de front. En revanche, Israël faisant traîner les discussions à la périphérie sans entrer dans le vif du sujet. Il fallait pour les Palestiniens tirer les enseignements induits par les fausses promesses des uns, les subterfuges des autres, et assumer leur responsabilité en opérant une action de choc par l'adresse directe à l'Assemblée générale des Nations unies pour faire valoir leur droit. Le 20 septembre (jour d'ouverture de la session annuelle de l'AG de l'ONU) le président de l'Autorité autonome palestinienne, Mahmoud Abbas, déposera donc, officiellement, auprès du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, la demande d'une admission pleine et entière de la Palestine en tant qu'Etat non-membre de l'ONU. Le recours à cette procédure est devenu inévitable dès lors qu'il ne fait pas de doute que les Etats-Unis useront de leur veto au Conseil de sécurité pour empêcher l'admission de la Palestine à l'ONU. Il n'en reste pas moins que l'adhésion de la Palestine et son élévation à «Etat non-membre» (Les Palestiniens sont assurés du soutien de plus de 130 Etats membres de l'AG de l'ONU) va changer la qualité de son statut face à Israël. Ce ne seront plus, en effet, les dirigeants d'une Autorité palestinienne sans pouvoir qui seront en face d'Israël, mais ceux d'un Etat reconnu, en tant que tel, par l'ONU. En fait, c'est la donne géopolitique du problème qui va changer. Ainsi, le droit international qui s'applique aux Palestiniens doit de la même manière s'appliquer à Israël par la conformation de ce dernier aux différentes résolutions de l'ONU afférentes aux contentieux israélo-palestiniens. Ce que l'Etat hébreu a toujours refusé bloquant indéfiniment l'érection d'un Etat palestinien. Aussi, pour les Palestiniens, c'est le moment de briser le cercle infernal dans lequel Israël les a murés. Il reste cependant à mesurer leur volonté d'aller jusqu'au bout afin, outre de faire valoir leur droit, mettre les Nations unies et la communauté internationale face à leurs responsabilités.