Pour la première fois, les plus hauts responsables du parti, Benflis à leur tête, attaquent officiellement le département de Yazid Zerhouni. Alger, jeudi, a frôlé le pire. Les affrontements entre pro et anti-Benflis, à l'entrée de la salle Ibn Kheldoun, à quelques mètres à peine du Palais du gouvernement, se sont déroulés sous l'oeil impassible des policiers qui, il faut le croire, avaient reçu ordre de n'intervenir qu'en cas d'extrême urgence, afin d'éviter qu'il y ait mort d'homme. Même l'inamovible âmi Ahmed n'était pas de trop pour tenter de calmer les ardeurs et ramener les uns et les autres au calme. De nombreux blessés, de part et d'autre, sont à déplorer. Les adversaires de Ali Benflis, menés par trois députés ainsi que de nombreux «vieux routiers du FLN» ont fini par annuler leur rencontre, se contentant de bloquer la route, le temps de se dire «partisans de la paix» et de donner lecture d'une motion dénonçant dans le fond et dans la forme «les résultats du 8e congrès du FLN» et revendiquant «la tenue d'assises nouvelles sans exclusion aucune afin de donner la parole en toute liberté à la base militante». Ainsi, si le pire a été évité, le danger continue de planer. Il se fait de plus en plus insistant puisque les adversaires de Benflis ont multiplié les sorties sur le terrain puisque ce jeudi, aussi, ils étaient en conclave à Tipaza. Les militants et cadres venus empêcher la tenue de la rencontre d'Ibn Khaldoun ont rendu public, hier, un communiqué dans lequel ils ont «condamné ces activités illégitimes et amorales commise par des ennemis du parti, constitués d'opportunistes en quête de postes de responsabilité en tentant de tenir une rencontre au nom du FLN sous le couvert d'une association professionnelle, l'Union des médecins algériens en l'occurrence». Le communiqué, qui prend à témoin l'opinion publique, ajoute que «les gens qui voulaient se rencontrer n'ont aucun rapport avec le FLN ni même avec les 57 kasmas du FLN puisqu'ils ont été amenés des quatre coins du pays afin de faire le plein en personnel humain». L'administration n'échappe pas à la condamnation, en les personnes du wali d'Alger et du ministre de l'Intérieur. L'administration est, ainsi, accusée d'avoir joué un «rôle irresponsable et amoral dans cette affaire» en permettant la tenue de cette rencontre alors que les banderoles, au reste déchirées et arrachées par les contre-manifestants, ne laissaient planer aucun doute sur l'objet véritable de cette rencontre ni sur l'identité de ses initiateurs.