Une polémique est née Même le choix d'un directeur pour la gestion de cet établissement dont le budget annuel s'élève à 80 milliards de centimes, pose problème. Depuis sa promotion en théâtre régional par le ministère de la Culture, le théâtre régional Kateb-Yacine se débat dans une multitude de problèmes et de conflits qui ne cessent de croître. Même le choix d'un directeur pour la gestion de cet établissement dont le budget annuel s'élève à 80 milliards de centimes pose problème. D'ailleurs, actuellement et à la stupéfaction de tout le monde c'est un enseignant de dessin qui a été nommé au poste de directeur par intérim alors qu'auparavant, l'établissement avait été confié respectivement à deux grosses pointures du théâtre algérien. D'abord, à Fouzia Aït El Hadj qui n'est pas à présenter tant son parcours dans le domaine du théâtre parle de lui-même. Puis, Ahmed Khoudi, enseignant à l'Institut national des arts dramatiques de Bordj El Kiffan, metteur en scène et ancien directeur du théâtre régional de Béjaïa. Depuis 2007, date de la nomination de Fouzia Aït El Hadj à la tête du théâtre Kateb-Yacine, le torchon n'a pas cessé de brûler entre elle et le directeur de la culture. Elle avait refusé de travailler sous les ordres de El Hadi Ould Ali, qui, en sa qualité de directeur de la culture, suivait de près ce qui se faisait au niveau du théâtre régional. De 2007 à 2011, Fouzia Aït El Hadj a fait dans la résistance avant de décider de remettre le tablier sans livrer le moindre commentaire sur son départ. La rumeur a alors pris le relais. Plusieurs lectures ont été faites au sujet de cette démission. Le départ de Fouzia Aït El Hadj n'a fait qu'exacerber la situation. L'arrivée d'un homme mûr et doté de bagage intellectuel et d'un savoir-faire dans le domaine théâtral, de la trempe de Ahmed Khoudi, n'a pas servi à grand-chose. Ahmed Khoudi s'est retrouvé au centre d'une bataille rangée où le clanisme et les guerres d'intérêt ont pris le pas sur la production culturelle. En arrivant à la tête du théâtre régional Kateb-Yacine, Ahmed-Khoudi a trouvé tout sauf le théâtre. Plus d'une anomalie est relevée dans le fonctionnement du théatre. Comment se fait-il que le théâtre de Tizi Ouzou soit «encadré» par des personnes qui viennent toutes d'autres villes d'Algérie? A titre d'exemple, le comité artistique du théatre de Tizi Ouzou est constitué d'éléments venant d'autres wilayas du pays et n'ayant pas pu trouver de place dans les théâtres régionaux de leurs villes de résidence dont Oran, Batna...? «N'y a-t-il pas d'hommes cultivés à Tizi Ouzou pouvant s'occuper de ce travail?», s'interroge un cadre du théâtre régional de Tizi Ouzou. Le théâtre régional Kateb-Yacine a-t-il parmi ses priorités la promotion du théâtre d'expression amazighe? Tout porte à croire le contraire puisque la quasi-totalité des pièces de théâtre produites au Trto le sont en langue arabe. Le théâtre de Tizi Ouzou a consacré au début de l'année deux milliards de centimes pour la production d'une seule pièce de théâtre en langue arabe classique, de piètre qualité, dont la générale a été donnée devant une salle presque vide. Depuis trois ans, le Trto n'a produit aucune pièce en langue kabyle. Et comment pouvait-il en être autrement puisque les membres du comité artistique accordent la priorité à leurs textes défiant toute éthique en la matière. En plus, il s'agit, dans leur majorité, de non-berbérophones. Les membres de ce même comité, en s'autochoisissant, encaissent pas moins de 600.000 dinars, soit en tant que metteurs en scène, auteurs ou conseillers artistiques pour le montage d'une seule pièce. Ceci, en plus de leur rémunération en qualité de membre du comité. C'est dire que l'enjeu est plus financier que culturel. La crise au sein du Théâtre régional Kateb-Yacine a connu un nouveau rebondissement la semaine dernière avec la signature d'une pétition par trente-deux travailleurs de l'établissement. Ces derniers déplorent et dénoncent les agissements d'un «cadre dirigeant». «Nous avons été reçus par le directeur de la culture mais il a refusé de prendre en considération nos doléances», souligne Omar Zaouid, comédien au théâtre et signataire de la pétition. Il semblerait que des menaces de licenciement ont été brandies à l'encontre des travailleurs qui refuseraient de retirer leur signature de la pétition. Dans celle-ci, les protestataires demandent des solutions aux «problèmes qui empoisonnent la vie des travailleurs et qui freinent la bonne marche de notre établissement». Les travailleurs déplorent ce qu'ils qualifient de comportement déplacé et irrespectueux envers le personnel, de la part d'un cadre dirigeant du théâtre. Les concernés parlent aussi d'exploitation «abusive et exagérée du personnel en lui faisant faire des besognes qui ne sont pas les siennes et faire jouer les comédiens jusqu'à trois spectacles en une seule journée». «Ce cadre a favorisé le clanisme, ce qui a créé des luttes intestines au sein de l'établissement et se répercute négativement sur le fonctionnement de l'établissement. Les employés du Trto disent que le climat de travail est devenu délétère et étouffant à tel point que «le personnel a perdu l'envie et le goût du travail». Toutes nos tentatives de joindre El Hadi Ould Ali, directeur de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou sont restée vaines.