ses partisans sont prêts à empêcher la réunion d'Alger, quel que soit le moyen. Le porte-parole du FLN, Abdeslam M'djahed, a, pour la première fois depuis le début de la crise qui secoue son parti, accusé nommément le ministre de l'Intérieur de diriger les opérations de déstabilisation du FLN. «J'accuse officiellement et directement le ministre de l'Intérieur de préparer un coup d'Etat contre le FLN», a-t-il déclaré hier. Selon lui, Zerhouni est sur le point de finaliser la constitution d'un parti, «le parti de l'administration» qui soutiendrait la candidature de Bouteflika à la future présidentielle. «Profitant de la situation trouble qui existe actuellement et qu'il a lui même provoquée dans ses laboratoires, le ministre de l'Intérieur veut canaliser le semblant de mécontement pour créer le parti de l'administration sur le dos du FLN», a ajouté la même source qui précise, en outre, qu'«au sein du parti, nous avons toutes les données et les informations nécessaires qui confirment que le ministre de l'Intérieur est à la tête de ce laboratoire du coup d'Etat». Notre interlocuteur, qui insiste pour dire que la direction du parti trouve de plus en plus de mal à brider l'enthousiasme de ses militants prêts à en découdre avec les détracteurs de Benflis, n'en ajoute pas moins que «tout sera fait en vue d'empêcher la tenue de ce congrès parallèle». Réagissant aux déclarations qu'avait faites Zerhouni à partir de Aïn Defla où il se trouvait en compagnie du Président de la République, le porte-parole du FLN n'y est pas allé par quatre chemins pour rejeter la balle dans le camp de son adversaire. «Le FLN se trouve dans une situation où il est obligé de prendre à témoin l'opinion publique sur ces graves dérapages et les conséquences dangereuses qui vont en résulter.» En termes plus explicites, M'djahed n'a laissé aucun doute sur les affrontements qui vont avoir lieu le 14 août prochain, le jour de la réunion programmée par des opposants à Benflis à Alger. «Nos militants sont décidés à faire barrage à cette réunion. Il n'est pas question qu'elle soit organisée, advienne que pourra, et c'est aux pouvoirs publics d'user de la force du droit pour parer à de pareilles dérives.» Réponse du berger à la bergère? Zerhouni menace d'avoir recours à la force publique et le FLN s'en remet à ses militants pour «faire barrage au complot de Zerhouni» en menaçant lui aussi d'user du droit de légitime défense. Selon toujours le porte-parole du FLN, les militants fidèles à Benflis se disent déterminés à empêcher la réunion du 14 août, même s'il faut aller vers des affrontements «maintenant que les lois de la république sont bafouées par ceux-là mêmes qui sont censés les protéger». Le décor ainsi planté, cette situation ouvre les portes à toutes les dérives et scénarios possibles. L'ultime et plausible schéma est la dissolution de l'Assemblée. M'djahed n'exclut pas cette éventualité quand il lâche notamment: «A ce rythme, nous y arriverons.» Quelle sera alors la réaction du Président de la République et du ministre de l'Intérieur devant une pareille crise institutionnelle ? Comment feront-ils pour convaincre les populations de se rendre aux urnes?