3000 victimes sont au bout de ces deux mots: Katiba Khadra. Pour la première fois, un coin du voile est levé sur cette phalange, son organisation, ses tueurs. Pour le moment nous sommes en 1989. Après l'Afghanistan et les premières semonces bouyalistes, Sayah Attia dit «Al Khan» (le nasillard) retourne à Ksar El-Boukhari, sa ville natale, et s'exerce à divers métiers dont celui de chef de chantier à l'Epbtp puis à la Sntrav. L'équipée sauvage de Bouyali n'était que partie remise puisque Sayah ne perdra pas son temps, et commence à organiser secrètement une structure paramilitaire dans les massifs de M'fateha, Ouled Antar, Derrag, Ouled Hallal, Mongorno et Ouled Bouachra. Il aménage des casemates, étend ses contacts, multiplie ses villégiatures à Khemis Khechna où on retrouve Abdelkader Chebouti, son ancien compagnon d'armes lui aussi absorbé par des préparatifs qui aboutiront, février 1992, sur le MEI. A l'arrière-plan des grèves et marches de 1991, le monstre avait déjà sous la main quelque 200 activistes armés, des chefs de zone, une toile logistique dense et florissante, des cellules d'information immergées qui rappelleront, quarante ans plus tard, la sinistre main rouge des Vigneau et La Gaillarde.