«Aït Ahmed rentra en rébellion contre l'autorité coloniale, mais aussi contre la direction de Messali Hadj, qui voulait être légaliste et prendre part aux élections.» «Le 1er Novembre est l'enfant de l'Organisation spéciale pour la préparation de la révolution (OS)», selon l'historien, Mohammed Lahcen Zghidi, lors d'une conférence au Centre de recherches sécuritaires et stratégiques (Crss) de Ben Aknoun (Alger). Placée sous le thème «Le rôle de l'Organisation spéciale (OS) dans le combat pour l'indépendance de l'Algérie», cette conférence a vu la participation d'éminentes personnalités et d'universitaires. Très prolixe, le conférencier a estimé que «l'Organisation spéciale (fondée après les événements du 8 mai 1945) était le bras armé clandestin du parti du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (Mtld)». L'OS fut démantelée par la police française à la fin de l'année 1950. Cette organisation, dirigée à ses débuts par Mohamed Belouizdad, s'occupait notamment, a soutenu l'invité du Crss, «de la collecte de fonds, l'acquisition d'armes et l'entraînement. Néanmoins, les massacres du 8 mai 1945 ont renforcé la position de ceux qui souhaitaient passer à l'action armée pour l'indépendance de l'Algérie» explique M. Zghidi. Donc, après les tragiques événements du 8 mai 1945, où les Algériens ont, unanimement, compris que «la Liberté ne s'offre pas, elle s'arrache». avait poussé, selon Mohammed Lahcen Zghidi, en conséquence, l'Organisation spéciale dans des voies plus précises, tendant vers l'action, par l'achat d'armes, mais surtout en passant aux premières actions violentes, comme l'attaque de la poste d'Oran, le 4 avril 1949. Pour le conférencier, l'activisme de Hocine Ait Ahmed le propulsa très vite aux hautes responsabilités au sein de l'OS. «En effet, dès 1947, Aït Ahmed a été désigné membre du comité central du PPA-Mtld et également adjoint de Mohamed Belouizdad à la tête de l'Organisation spéciale. Après la mort de Belouizdad, il devint le chef national de l'OS», a-t-il expliqué. Et de poursuivre: «Suite aux événements de mai 1945, Aït Ahmed rentra en rébellion contre l'autorité coloniale, mais aussi contre la direction de Messali Hadj, qui voulait être légaliste et prendre part aux élections organisées par l'entreprise coloniale», a-t-il indiqué, avant d'enchaîner, indiquant que l'engagement et le patriotisme de Hocine Aït Ahmed ne pouvaient être mis en doute. Celui-ci n'hésita pas, toutefois, à remettre en cause certains choix de la direction du Parti du peuple algérien (PPA), avec lequel il avait traversé des situations tumultueuses. Car, a-t-il expliqué, les partisans du légalisme furent majoritaires. Ils éliminèrent du coup les activistes. Ainsi, «dès le congrès de février 1947, le parti avait opté pour la participation aux élections, et ce bien que la base attendait le passage à l'action directe», a signalé le conférencier, soutenant qu'il fallait donc «attendre la mascarade électorale d'avril 1948 pour que le courant activiste revienne en force. Il exigea par conséquent que la priorité à l'action armée soit donnée». D'où la réunion du comité central de décembre 1948 consacrant, selon l'invité du Crss, la victoire des radicaux avec l'adoption du rapport proposé par Ait Ahmed et de ses thèses. «Le rapport présenté par Ait Ahmed alors qu'il avait, à peine 22 ans, était magistral et renseignait sur la maturité politique et stratégique du premier chef de l'OS, qui préconisait rien que l'action armée contre le colonialisme français», a déclaré l'historien. Selon lui, dans le rapport de Hocine Aït Ahmed, on retiendra surtout «la dénonciation de l'impasse de la voie légaliste, l'option pour une guerre de partisans (ni insurrection généralisée, ni terrorisme), le développement de l'Organisation spéciale (OS) destinée à la préparation de la lutte armée. Hélas, la crise de 1949, ajoute M.Zghidi, donna un coup de froid à la préparation de l'action armée». Pour mémoire, il convient de souligner que durant l'année 1949, le chef de l'OS, fervent partisan de l'action, Hocine Ait Ahmed, fut écarté de la direction et remplacé, dans la foulée, par Ahmed Ben Bella à la tête de l'OS. D'ailleurs, il faut noter que ce dernier ne resta pas longtemps à la tête de l'OS. Car, en mars 1950, cette organisation paramilitaire fut démantelée. Ce coup dur fut facilité par les informations qui auraient été fournies par Ben Bella, alors chef national de l'OS, à la police française. Donc, il est évident pour Mohammed Lahcen Zghidi que le démantèlement de l'OS a sans doute retardé le processus de déclenchement de la lutte pour encore quatre longues années.