Alors que la gauche française, des hommes politiques et des intellectuels, se sont mobilisés pour une reconnaissance officielle des crimes commis le 17 octobre 1961, le gouvernement français persiste à refuser de présenter ses excuses. La réponse est tombée sous forme de riposte à la mobilisation sans précédent des forces progressistes dans la patrie des droits de l'homme, en faveur de cette initiative. «La France ne doit certainement pas présenter des excuses à l'Algérie, ceci dit la France doit faire face à son passé», a déclaré lundi sur i Télé Claude Guéant, le ministre français de l'Intérieur. Il est difficile de mettre cette sortie médiatique sur le compte personnel du locataire de la Place Beauvau. Elle ne peut être que l'expression de la France officielle. «La position du parti présidentiel sur la question est celle de Claude Guéant. Une reconnaissance symbolique est envisageable à l'avenir, mais pas d'excuses. Pour l'instant, rien n'est prévu», a confié Axel Poniatowski, président (UMP) de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale, au quotidien l'Express. Une position incarnée par la droite républicaine et qui est chargée de gérer les affaires de l'Hexagone jusqu'en mai 2012. Il est notamment reproché d'épouser celle adoptée par l'extrême droite, le Front national du clan Le Pen en l'occurrence. En ce sens, en matière de question sécuritaire et d'immigration (sujettes à l'amalgame), la politique mise en oeuvre par l'Elysée a souvent été pointée du doigt par des associations de défense des droits de l'homme (Mrap...) et les partis d'opposition (PS, PC, écologistes...). Cette fois-ci le débat porte sur l'Histoire qu'a en commun la France et son ancienne colonie: l'Algérie. Il est question d'une des pages les plus sombres de la guerre de Libération nationale: il y a un demi-siècle, tout juste, 150 à 200 Algériens, selon les historiens, ont été sauvagement éxécutés alors qu'ils manifestaient de facon pacifique contre un couvre-feu qui les visait. «Il s'agit d'un événement d'une gravité exceptionnelle, dont le nombre de morts a fait dire à deux historiens britanniques («Jim House et Neil MacMaster» Les Algériens, la République et la terreur d'Etat, Tallandier, 2008) qu'il s'agit de la répression d'Etat la plus violente qu'ait jamais provoquée une manifestation de rue en Europe occidentale dans l'histoire contemporaine», a déclaré l'historien Gilles Manceron, dans une interview au Monde.fr. Cet épisode, des plus dramatiques, qui s'est déroulé au coeur de l'ex-puissance colonisatrice, a marqué l'histoire de la guerre d'Algérie au point de diviser la classe politique française au moment où la campagne présidentielle de 2012 est lancée. Nicolas Sarkozy, qui devrait briguer un second mandat, connaît son principal adversaire. Sorti victorieux d'une primaire socialiste qu'il a dominé de la tête et des épaules, la veille de la commémoration des événements du 17 octobre 1961, François Hollande s'est démarqué de l'actuel locataire de l'Elysée et de son gouvernement par rapport à la question de la reconnaissance des massacres qui ont marqué cette date. «Il faut que la vérité soit dite. Sans repentance, ni mise en accusation particulière. Reconnaître ce qui c'est produit. Aujourd'hui je le fais en tant que socialiste. Ensuite, ce sera sans doute à la République de le faire...», a déclaré l'ex-premier secrétaire du Parti socialiste qui a rendu hommage aux victimes des massacres du 17 octobre en attendant d'être porté à l'Elysée pour une reconnaissance officielle de l'Etat français dans cette «affaire» qui divise l'Hexagone.