Aucun contact de la presse n'a été autorisé avec les marins. Les seize ex-otages algériens du navire MV Blida libérés le 3 novembre après dix mois de captivité ont été rapatriés hier à bord d'un avion spécial depuis le Kenya. Toutefois, les otages accueillis à l'aéroport militaire de Boufarik par une délégation officielle ont été inaccessibles à la presse. Un flou total entoure cette affaire de piraterie maritime. On ignore les vraies raisons ayant motivé la décision d'interdiction de tout contact avec les journalistes. Ces derniers qui se sont déplacés hier vers l'aéroport de Boufarik et l'hôpital militaire de Aïn Naâdja n'ont pas pu entrer en contact avec les otages. S'agit-il de quarantaine sanitaire suite à des maladies tropicales rencontrées fréquemment en Afrique noire que les otages auraient pu contracter? A ce propos, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ali Belani, a déclaré que les marins algériens, dont l'état de santé est «satisfaisant», sont soulagés de pouvoir regagner leur pays par vol spécial, afin de retrouver leurs familles et leurs proches après cette «longue et éprouvante absence». Seules les familles des otages font partie du comité d'accueil. En fin d'après-midi, les otages «étaient encore attendus à l'aéroport de Boufarik», selon un membre de la famille d'un otage contacté par téléphone. La fille de Hannouche Nafaâ, ingénieur mécanicien retenu en otages, a indiqué que son père devait arriver vers 15h à Alger. «Nous sommes très contents de ce dénouement heureux», a-t-elle ajouté. «On était en route vers la capitale le 3 novembre dernier quand mon père nous a appelés au téléphone. On a alors décidé de rebrousser chemin pour fêter l'Aïd chez nous à Tizi Ouzou et d'attendre le retour de notre père». «Ce contact ne ressemblait pas à d'autres qu'on avait reçus auparavant», a-t-elle fait savoir. L'escale suivante devait être celle de l'hôpital militaire de Aïn Naâdja pour examen médical des otages. Toutefois, les otages ne pourront regagner leur domicile qu'après deux jours, croit-on savoir. Le navire MV Blida est arrivé samedi soir au port de Malimbé (Kenya, une centaine de kilomètres de Mombasa) au terme d'une traversée plus longue que prévue, en raison de l'état technique du navire qui a subi une immobilisation forcé de plus de 10 mois, a annoncé, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Le vraquier a fait l'objet de piratage alors qu'il faisait route vers le port kényan de Mombasa avec à bord 27 membres d'équipage ukrainiens et algériens. Deux d'entre eux, un Ukrainien et un Algérien avaient été libérés à la mi-octobre pour raisons de santé. L'équipage du navire a été accueilli au port de Malimbé par une délégation algérienne composée de représentants officiels, dont l'ambassadeur d'Algérie au Kenya, de médecins et de psychologues, a-t-il précisé. La Somalie est en état de guerre civile depuis 20 ans. La situation a permis l'éclosion de nombreuses milices, d'insurgés islamistes et de groupes de pirates qui règnent sur de plus ou moins grandes portions du territoire. L'ONU a expliqué récemment devant le Conseil de sécurité que les pirates somaliens, qui détiennent actuellement, selon lui, 316 otages et quinze bateaux, inspirent d'autres activistes africains qui ont commencé à attaquer des navires dans le reste de l'Afrique, dont le Golfe de Guinée. Les pirates somaliens s'éloignent de plus en plus des côtes dans l'Océan Indien pour commettre leurs méfaits et font usage de techniques «plus violentes», a-t-il indiqué. Des liens et complicités avérés existent entre les pirates et les militants islamistes somaliens Shebab qui combattent le fragile gouvernement à Mogadiscio. Les initiatives internationales contre les pirates ont eu comme conséquence inattendue de pousser les pirates dans des sanctuaires plus au sud, y compris dans des zones sous l'influence des Shebab. La connexion croissante entre les Shebab et les pirates illustre le fait que le problème de la piraterie est en mutation continue notamment avec le dossier des rançons. Nacereddine Mansouri, le directeur général d'International Bulk Carriers (IBC), armateur du navire MV Blida, avait indiqué qu' «il n'a jamais été question de payer une quelconque rançon pour la libération des otages». Les autorités algériennes avaient réaffirmé, à maintes reprises, leur ferme opposition à toute idée de paiement de rançons aux ravisseurs.