Parmi les six titres de la presse indépendante, victimes des sévères mesures de suspension prises à leur encontre par le ministère de l'Intérieur, trois parmi eux, Le Soir d'Algérie, Er-Raï et L'Expression, restent toujours sous le coup d'une interdiction de paraître «jusqu'au règlement de la dette qui leur est réclamée par les imprimeries». Après El Khabar et Liberté, c'était hier, au tour du journal Le Matin d'être présent dans les kiosques, après une série de péripéties policières et judiciaires auxquelles a été soumis, ces jours derniers, son directeur, Mohamed Benchicou, accusé, implicitement, de s'être livré à des transferts illégaux de capitaux. Le collectif de L'Expression tout comme celui du Soir d'Algérie, qui n'en redoutent pas moins des entraves de dernière minute, espèrent être au rendez-vous de leur lectorat dans le courant de la semaine prochaine. Au niveau du quotidien Er-Raï dont les responsables se déclarent incapables de réunir la somme qui leur est réclamée par les imprimeries de l'Est, de l'Ouest et du Centre (13 milliards de centimes), pour que leur journal puisse, à nouveau, être édité, l'atmosphère est, toujours, au pessimisme. «Nous pourrons faire l'effort de commencer à payer une partie de la dette qui nous est demandée, si l'Anep accepte de nous régler les 5 milliards de centimes de dettes qu'elle nous doit», déclare le chef du bureau d'Alger du quotidien, Merouane Lounnas. Les responsables du Soir d'Algérie ont, de leur côté, dès hier, intenté une action en référé devant les tribunaux, «pour dénoncer le caractère illégal des mesures prises, à notre encontre par les imprimeries et faire valoir notre droit à récupérer les 40 millions de dinars de dette bloqués auprès de l'Anep». Le directeur de la publication, Fouad Boughanem, avait indiqué, mardi, qu'en tout état de cause, «et en dépit des mesures, contestables, prises à notre encontre, nous avons payé l'intégralité des sommes exigées par les imprimeries de l'Est et de l'Ouest, soit plus de 8 millions de dinars. Nous nous faisons fort, par ailleurs, de régler, dans les prochains jours, la totalité des autres sommes qui nous sont demandées afin de pouvoir reparaître aussi tôt que possible». Nombreux sont ceux parmi les directeurs des journaux frappés par les mesures à considérer qu'ils ont été poussés, à leur corps défendant, à s'acquitter de sommes disproportionnées par rapport à leurs dettes réelles auprès des imprimeries. Ils se disent, pour la plupart, déterminés à traîner ces dernières devant les tribunaux, pour violation de contrat.