En l'espace d'une semaine, la ville des petites Bougies a vu ses soirées rayonnées par une ambiance andalouse indescriptible. C'est le lundi soir dernier que le rideau est tombé sur la première édition des 1res rencontres maghrébines de la musique andalouse, qui s'est déroulée du 15 au 19 décembre au théâtre régional Malek Bougguermouh de Béjaïa. La soirée de clôture a été animée par l'association El Kortobia de Tlemcen, et ce en présence des autorités locales, à leur tête le wali de Béjaïa, qui s'est avéré être un grand mélomane, ce qui explique sa présence à chaque soirée de cette première édition. Pour une réussite c'en était vraiment une en sa première édition. Chant lyrique, émotion, évocation, hommage, retrouvailles et échange culturel étaient au rendez-vous. En effet, ce qui devait être une simple rencontre entre des associations formatrices activant dans le domaine de la musique andalouse a largement dépassé le cadre attendu. C'était digne des grands festivals à inscrire à l'actif de l'association culturelle Ahbab cheikh Sadek el Bejaoui. Une association convaincue et engagée dans un domaine qui est le sien, à savoir la sauvegarde, la pérennisation et la promotion de la musique andalouse. Ces premières rencontres ont rendu hommage au grand maître de la musique andalouse, cheikh Sadek El Bejaoui, à l'occasion de la date d'anniversaire de sa naissance (17 décembre 1907) et aussi à une grande partie de ses compagnons (maîtres et élèves). Toutes les associations conviées à ces rencontres se sont donnés à fond. Des passages dignes des grands concours. L'association de musique andalouse Ibn Badja de Mostaganem, qui a remporté le premier prix du Festival national de la musique andalouse, à l'instar des El Fekhardjia d'Alger, El Othmania de Tenès, Kassairia de Cherchell, El Gharnatia de Koléa, Kortobia de Tlemcen, Riad El Andaloussi El Boulaidi et l'association organisatrice, ont été largement ovationnées chaque soir pour leur magnifique interprétation des noubas dans leur différents genres. L'avant-dernière soirée aura été le top sur tous les plans à l'occasion du passage de l'association marocaine guidée par le grand maître Dris Srairi qui n'a pas tari d'éloges sur l'Algérie, la ville de Yemma Gouraya et l'association organisatrice sans omettre de rendre un grand hommage à Cheikh Sadek el Bejaoui. En effet, l'association Omar Chahid a réussi un passage époustouflant en mettant tout son savoir-faire et étalant toute sa classe sur les planches du TRB. C'était un moment d'émotion sans égal étant donné la chaleur échangée entre les différentes associations présentes. «Je considère que pour une première édition, c'est une réussite totale. Tous les participants à cette édition ont été parfaits. Tout a marché à merveille durant cinq jours de suite», a déclaré Rochdy Bouyahia avant d'ajouter: «La grande salle de théâtre ne s'est jamais désemplie, une production musicale extraordinaire et la participation remarquable et de grande figure de la musique andalouse du Maroc. En somme, une édition qui a même dépassé nos attentes sur pas mal de plans. Malgré nos moyens dérisoires, nous avons pu relever le défi et vivement la prochaine édition». En outre, sur le plan scientifique, un volet et non des moindres réservé par l'association organisatrice à deux conférence intitulées, «Patrimoine immatériel en mouvement» et l'Evolution de la pratique de la musique citadine à Béjaïa» ont été animées par deux grands connaisseurs en la matière, à savoir Abdelkader Bendaâmache et Fateh Imloul. La première conférence a fait un résumé depuis la constitution de la poésie populaire de l'époque primitive à nos jours, où il a été question de la poésie de Sidi Lakhdar Benkhelouf, de sa poésie et de tout l'environnement et du contexte dans lequel a baigné cette poésie. Quant à la seconde conférence, elle a retracé la pratique depuis le XIe siècle. A cet effet, Fateh Imloul nous dira: «A partir du XIe siècle, Bougie a été un pôle de rayonnement culturel par apport à l'époque andalouse almohade, hafside et hammadite. Le port de Béjaïa a joué un grand rôle dans ce domaine, ce qui nous a donné un brassage qu'on est en train d'exécuter de nos jours. Malheureusement, l'époque ottomane a été marquée par une décadence qui a failli tout dévaster n'étaient les confréries religieuses, dont Kadria et Taiba, qui ont su et pu sauver le minimum dont nous jouissons actuellement.» La chaleur des noubas a véritablement illuminé les nuits hivernales de la ville de Yemma Gouraya dont le point d'orgue était l'association marocaine Omar Chahid d'Oujda.