Des mélodies savoureuses à l'ouïe Le programme comprenait en première partie une conférence autour du thème «L'histoire de la musique contemporaine», animée par Pierre Albert Castanet, suivie juste après à 18h par un sublime récital lyrique pour voix et piano. C'est samedi que s'est clôturé au Musée d'art moderne et contemporain d'Alger, le cycle de concerts de musique du XXe siècle baptisé «Figures sonores», organisé en partenariat avec l'association Ecume de Marseille. Une nouvelle activité amorcée cette année en marge du 3e Festival international d'Art contemporain «Fiac 2011» et qui promet d'être reconduite tout au long de l'année, histoire de profiter du grand espace quasiment vide qu'offre ce Mama aux visiteurs. Musique, danse et chants seraient, paraît-il, ainsi au rendez-vous cette année dans cet antre de l'art moderne et contemporain. D'ailleurs, ce 21 janvier, la danseuse Nacera Belaza y viendra présenter deux pièces en cours de création, créés pour le Festival d'Avignon 2012. Le programme de «Figures sonores» comprenait en première partie une conférence autour du thème «L'histoire de la musique contemporaine», animée par Pierre Albert Castanet, suivi juste après à18h par un sublime récital lyrique pour voix et piano (Marseille) avec Elisabeth Grard, soprano et Nathali Negro, pianiste. Intéressante et instructive, la conférence s'est attelée à nous communiquer quelques pistes sur la musique contemporaine, notamment sur sa définition, appuyée de quelques extraits musicaux de grands compositeurs qui ont fédéré cette musique avant- gardiste, née à la fin de la Seconde Guerre mondiale et marquée par un renouveau remarqué au niveau de la composition (l'éloge de la dissonance, sortir de la tonalité des anciens, autrement émancipation des paramètres, etc). Comme illustration, il en donnera deux exemples, l'un de Pierre Boulez à travers son oeuvre l'Artisanat furieux, basé sur la poésie de Réné Char ou comment l'objet sonore devient un objet esthétique et donc une oeuvre d'art (période des surréalistes), suivi de Metastasis de l'artiste Iannis Xenakis dont la musique électro-acoustique a révolutionné la musique car faisant abstraction de l'harmonie, des accords et des mélodies. La musique contemporaine aura aussi un autre fervent défenseur en la personne de John Cage, le bad boy de la musique américaine qui «désamorcera toutes les bombes», soulignera l'orateur. Sa musique utilisée souvent dans les happening ou performances de danse a comme source le bruit, d'où son appellation Musique concrète. Aussi nous apprend-on le XXe siècle sera révolutionné grâce à l'électricité et le rapport au bruit. «Si on est artiste, on peut rassembler des bruits et faire une composition contemporaine», fera remarquer le conférencier. Il indiquera par ailleurs lors du débat qu'il y a une différence à distinguer entre la musique savante et populaire, car la première émane de la science et sera riche grâce à la technologie, ajoutant un peu plus loin que cela risque, en effet, d'entraîner une forme de «déshumanisation», mais cela est une réelle évolution et progrès par rapport au siècle de Beethoven». En deuxième partie, le public curieux et nombreux a eu à apprécier plusieurs morceaux de compositeurs contemporains. Tout d'abord Music for Marcel Duchamps de John Cage (1912-1992) décliné entre opéra classique et bruitage vocal, acapella renvoyant à «un catalogue du sentiment d'une femme» entre joie, colère, rire, larmes, surprise etc. Parmi les belles interprétations qu'exécutera la soprano, on retiendra aussi ces chansons populaires du compositeur Maurice Ohana (1941-1992) (jouée en général avec une troisième pédale au niveau du piano, ce qui n'était pas le cas pour cet exercice). Cinq mélodies dont une berceuse, nous indiquera-t-on, seront jouées avec des influences espagnoles dans les mélodies bien émouvantes.