«Nous sommes aux portes de l'Europe et beaucoup de pays européens sont des sanctuaires pour les leaders terroristes», a affirmé le chef de l'Etat. Le chef de l'Etat s'est, encore une fois, exprimé sur la situation internationale induite par les frappes américaines contre l'Afghanistan. A sa sortie d'un entretien qu'il a eu avec le président sud-africain, invité à répondre à une question relative au refus de Bush de négocier avec les taliban, Bouteflika a indiqué que «le président Bush est capable de gérer les USA et de gérer la crise que nous avons vécue ensemble le 11 septembre». Cela étant, le chef de l'Etat a réitéré l'observation qu'il avait faite au président américain à l'occasion de leur entretien téléphonique, à savoir qu'«il ne faut, en aucun cas, faire l'amalgame et une confusion entre une croisade contre les musulmans et des actions qui visent à détruire le terrorisme, tout le terrorisme». L'insistance du Président Bouteflika sur l'horreur du phénomène terroriste, d'où qu'il vienne, n'est pas fortuit au sens, relève-t-il, qu'«il n'y a pas de bons et de mauvais terroristes». Il faut comprendre, à travers cette affirmation qu'il ne faut pas considérer que seuls les terroristes qui frappent l'Occident doivent être éradiqués. Pour Bouteflika, «l'Algérie soutient l'action du président Bush», mais n'apprécie pas, «en tant que pays arabe et musulman, de voir des innocents tomber au Moyen-Orient, en Irak ou en Afghanistan». Cela dit, le chef de l'Etat relève le fait qu'il n'existe pas «une guerre propre, ça n'a jamais existé dans l'histoire de l'humanité». C'est là une déclaration qui mérite d'être dite, en ces temps de conflits, prétendument menés pour la préservation de la vie et des droits de l'Homme. Cela dit, Bouteflika met la lutte antiterroriste en tête des priorités, car, selon lui, ce fléau «menace les riches et les pauvres». Ce qui n'est vraisemblablement pas le fort des pays européens auxquels le chef de l'Etat a reproché le laxisme dans le traitement du dossier terroriste. «Nous sommes aux portes de l'Europe et beaucoup de pays européens sont des sanctuaires pour les leaders terroristes», a affirmé le chef de l'Etat. Une manière comme une autre de rappeler la responsabilité des Etats occidentaux dans la propagation du phénomène terroriste en Algérie et ailleurs. A ce propos, l'Algérie en sait quelque chose, ce qui a amené Bouteflika à déclarer sans ambages: «L'Algérie est pour l'éradication de toutes les formes de terrorisme». Mais cette volonté ne doit pas être interprétée comme un lâchage de la question palestinienne. Le Président de la République a insisté sur «la nécessité de reconnaître l'Etat palestinien pour permettre aux Arabes de soutenir son action». La victoire contre le terrorisme islamiste international est à ce prix, semble dire Bouteflika.