Il s'est exprimé hier, revenant sur certains principes de base. Dans un discours en vérité mesuré, M Ali Benflis brosse la situation induite par les derniers évènements et singulièrement par le «complot» fomenté, selon lui, contre le FLN par de «hauts responsables de l'Etat», réduits, relève-t-il à «un rôle d'exécutants». Ainsi, le secrétaire général du FLN persiste et signe, en mettant d'emblée les points sur les i, s'attaquant directement à ce qui, selon lui, remettait en cause «les acquis démocratiques, les fondements du pluralisme politique et la stabilité de nos institutions qui sont visées par des agissements qui relèvent d'une époque révolue». Alors, peut-on se demander, le FLN a-t-il changé? Le questionnement est d'actualité lorsque l'on constate un renversement des rôles qui voit le vieux parti de Hydra passer avec armes et bagages dans l'opposition, devenant le défenseur intransigeant des principes qui fondent la démocratie et les libertés citoyennes. De fait, le FLN nouveau semble avoir fait du changement son leitmotiv et ne rate aucune occasion de le faire savoir. Ainsi lorsque M.Benflis souligne que «contrairement à ce qui a été quelque fois, dit et écrit, la problématique que connaît la scène politique nationale ne peut être réduite à un antagonisme entre les personnes, à un problème de leadership, cela serait une vision réductrice de la situation», précisant que «nous sommes en réalité en présence de deux visions complètement différentes du mode de gouvernance de la société». Il faut bien admettre qu'il y a ici quelque choses de tout à fait nouveau. Voilà en effet un langage qui tranche avec l'habituelle langue de bois chère aux caciques du FLN. Reste cependant à se demander jusqu'où le FLN d'Ali Benflis est prêt à aller dans la rupture avec le système et les centres de pouvoir qui ont été ces dernières décennies sa raison d'être? En réalité, en s'instituant parti de pouvoir et en posant la question de son autonomie, par rapport aux différents centres de décision, le FLN d'Ali Benflis recentre le débat sur la vraie problématique du pouvoir que sont le pluralisme politique et son corollaire, l'indépendance de décision. Cela est d'autant plus vrai que le secrétaire général du FLN en stigmatisant « le complot qui vise la démocratie dans notre pays cherche à départir l'Administration de son devoir de neutralité, de tenter de limiter les prérogatives du pouvoir législatif et de mettre la justice aux ordres. Voilà les dangers qui guettent aujourd'hui notre pays et qui exigent de nous un sursaut salvateur pour que l'Algérie ne soit pas victime des appétits effrénés du pouvoir », met les pieds dans le plat. Sans toutefois aller jusqu'à définir ce qu'il entend par pouvoir. Abandonnant ainsi le langage feutré, sinon fleuri, propre au FLN d'hier, Ali Benflis se fait au contraire le défenseur convaincu des libertés collectives et individuelles Dans sa conférence de presse d'hier, le secrétaire général du FLN donne des prémices, mais des prémices qui demandent à être matérialisées par des actions sur le terrain. Plus prosaïquement observateurs et analystes demeurent sceptiques : le FLN a-t-il vraiment changé? Changé dans le sens où il saura mobiliser les Algériens pour les nouvelles batailles que sont les exigences pour les libertés citoyennes et les droits de l'homme. Aujourd'hui, ce sont les actes qui sont attendus du FLN «rénové» qui feront de lui un parti politique dans le sens moderne du terme : un parti dont la mission première reste de veiller à la préservation des libertés et du libre arbitre citoyen. Le discours de M.Benflis laisse sans doute entrevoir cela en filigrane. Cependant, pour la clarification du débat, il est attendu du FLN qu'il prouve que c'est là un option irrévocable, d'autant plus que le louvoiement auquel nous ont habitués les partis algériens demeurera à tout jamais improductif.