Les contestataires ont pour habitude de s'orienter vers le siège de la wilaya pour exposer leurs doléances. Il ne se passe pas un jour, une semaine ou un mois sans que des demandeurs de logements sociaux n'affichent leur mécontentement à l'égard de moult situations. Depuis le retard dans l'affichage des listes des bénéficiaires, jusqu'aux contestations de ces listes, en passant par des postulants cherchant solution à la précarité de leur vécu, tant du point de vue habitation que professionnel. Entre les uns et les autres, il y a les conflits professionnels où les employés de tous les secteurs confondus, cherchent un dénouement en recourant aux institutions représentantes de l'Etat, la wilaya entre autres. Les acteurs de tous ces cas de figure, s'orientent machinalement vers le siège de cette administration emblématique, le siège de la wilaya de Annaba en l'occurrence. En effet, l'atmosphère a du mal à se dissiper dans cette wilaya cosmopolite où les différentes couches sociales se sont accoutumées à observer de sempiternels mouvements de contestation et de sit-in, débouchant le plus souvent sur des échauffourées, voire même des émeutes entre les contestataires et les éléments des services sécuritaires. Ces derniers disposant d'importants moyens, quadrillent depuis plus d'une année, tant les institutions de l'Etat, daïra et wilaya surtout, que les quartiers chauds de la wilaya d'Annaba, le siège administratif de cette institution étant devenu la destination la plus prisée. Les motivations sont communes et le débordement est général. C'est dire que le malaise est le principal facteur de la grogne populaire. Cette dernière, incessante, intensifie ses mouvements de contestation, chaque jour un peu plus. Ainsi en moins d'une semaine, cinq mouvements de contestation ont été observés par les demandeurs de logements sociaux et à chacun ses raisons. Des raisons, notons-le, le moins que l'on puisse dire d'elles, légitimes, du moins en matière de logement et d'emploi. Ainsi, lors de la semaine en cours, plusieurs habitants des quartiers de la commune de Annaba, ont élu domicile, devant le siège de la wilaya après avoir perdu espoir de dialoguer avec le premier responsable de la daïra. La déferlante humaine cette semaine a frôlé le dérapage dans une situation de non-retour. Notamment en cette conjoncture de pré-campagne où les opportunistes y trouvent une aubaine pour pêcher en eaux troubles, incitant le plus souvent à l'émeute. Après le mouvement des occupants des bidonvilles de Sidi Harb et El Fakharine, observé le dimanche dernier écoulé. Suite à une marche pacifique, depuis le siège de la daïra, en direction du siège de la wilaya, ce fut aussi le tour de la contestation, avant-hier, mardi, des habitants du quartier des Lauriers roses, où la foule en furie, a été à l'origine d'échauffourées avec les éléments des services sécuritaires, occasionnant la blessure d'un élément de la brigade antiémeute et l'arrestation de 3 individus dont une femme. Les mêmes scènes ont été enregistrées hier où les demandeurs de logements, venus des différentes localités de la daïra d'El Bouni, ont observé un rassemblement devant le siège de la wilaya. Outre les actions de contestation et les sit-in, il y a aussi le phénomène du squattage des espaces, près des administrations de la wilaya, ainsi que les routes barrées par une population enragée, assouvissant sa colère, en y brûlant les pneus et troncs d'arbres, coupant le trafic routier, pénalisant ainsi les automobilistes, mais surtout, paralysant toute la circulation, au profit d'une anarchie non-maîtrisable. Comme ce fut le cas des routes coupées dans toute la wilaya sous le regard des habitants du boulevard Didouche-Mourad et le boulevard d'Afrique, pour en citer que ceux-là où le malaise est mortel. Le logement social ne cesse d'embraser la wilaya de Annaba. Ainsi, les mouvements de protestation se suivent et se ressemblent et le brasier est alimenté à petit feu, au risque de ravager toute la wilaya. Au moment où nous mettons sous presse, pendant que plusieurs contestataires sont concentrés sur le boulevard du 1er-Novembre, demandant tout simplement à être écoutés, et surtout rassurés sur le devenir de leurs attentes, des slogans tels «hogra» et «mahsoubia» ont été scandés. Aussi, les banderoles portant des slogans nationalistes, expriment la patriotisme dont font preuve ces populations, meurtries dans leur dignité sociale, mais pas dans leur nationalisme. «Je ne trahirais jamais mon pays, je me sacrifie pour lui...» Nous avons tenté de prendre attache avec un quelconque responsable en charge du secteur du logement dans la wilaya de Annaba, malheureusement, une réunion avec le premier responsable de la wilaya, a entravé cette rencontre. Pour l'heure les promesses demeurent non tenues et l'absence de dialogue fait monter la tension des acteurs d'un feuilleton nommé malaise social.