Le plaidoyer de l'avocat des «redresseurs» a laissé de marbre le parterre de journalistes, jury pour la circonstance. Hier, la débâcle était visible sur les figures des «redresseurs» présents à la conférence de presse conjointement animée par le porte-parole, Mohamed-Lamine Kara et l'avocat du comité, Mahfoud Laâchab. Pas une figure connue du mouvement n'était présente pour assister aux explications embarrassées, studieuses et ampoulées de l'avocat, visant à transformer en victoire ce que toute l'opinion a qualifié de défaite, y compris la presse acquise à Belkhadem et ses hommes. L'avocat, en effet, a tenté de dissocier le rejet de la plainte contre Zerhouni et Nourani, à qui il est laissé toute latitude d'agir concernant la délivrance ou le retrait des autorisations et l'incompétence de toutes les juridictions civiles à trancher les affaires internes à tous les partis politiques. Un cas de jurisprudence salué par de nombreux observateurs puisqu'il est venu mettre un terme aux risques de blocage des partis politiques à la suite de fronde de poignées de militants ou de cadres mécontents, comme cela avait été le cas à la suite de la première décision, rendue par le tribunal d'Alger en faveur des «putschistes». L'avocat, se livrant à des circonvolutions langagières que bien peu de présents pouvaient suivre, a tenté de démontrer que le verdict, «définitif» faut-il le souligner, sert le camp des redresseurs puisque, insiste-t-il, «le verdict s'est gardé de trancher l'interdiction du congrès extraordinaire». Cela ne tient guère face à une analyse objective du document, lequel annule au contraire le verdict prononcé en première instance par le tribunal d'Alger, remettant également en cause la plainte déposée par les redresseurs à propos des résolutions du 8e congrès du FLN et sur laquelle la justice devrait se pencher le 11 novembre prochain. Le Conseil d'Etat, en effet, a eu le courage de décréter «incompétente» l'ensemble des juridictions civiles dans les affaires internes de tous les partis politiques du pays. A cela, l'avocat rétorque que «le juge des référés n'a pas le droit de statuer sur ce genre de questions alors que le juge de fond, lui, en a le droit». Il est donc question d'aller vers «le tribunal des conflits qui a le droit de statuer sur ce conflit négatif et choisir l'instance qui tranchera cette affaire loin d'être classée». Loin d'être classée, cette affaire l'est en effet. A notre question sur les «faux» dont se seraient rendu coupables les redresseurs pour enrôler leur plainte, les deux conférenciers éludent le propos en indiquant qu' «aucune plainte n'a été déposée en ce sens», refusant dès lors de «s'appesantir sur des on-dit». Idem pour la «suspension du procureur adjoint dont le tort a été de dénoncer la manière dont avait été rendu le verdict portant interdiction du congrès extraordinaire du FLN». «La justice est souveraine dans la prise de l'ensemble de ses décisions que nous refusons de commenter», se contentera de dire l'avocat en guise d'oraison au courage de ce magistrat coupable d'indépendance et de courage. Il ne fait pas de doute, ce disant, que la bataille juridique est définitivement perdue et que la guerre va être transposée sur d'autres fronts, comme a été formulée l'une de nos questions. Ici, la guerre psychologique semble être à son paroxysme, puisque Kara Mohamed-Seghir indique que «les autres (les pro-Benflis) sont en train de déménager le mobilier vers les comités de soutien, ce qui signifie qu'ils savent leur heure très proche». Une affirmation que démentent catégoriquement les faits constatés par nous et par nos correspondants sur le terrain. S'agissant des «nouvelles adhésions», le conférencier parle d'une centaine de députés, de plus d'un millier d'élus locaux et de nombreux membres du comité central. La guerre des chiffres semble avoir déjà commencé. Celle des nerfs aussi...