L'armée syrienne bombardait hier plusieurs localités en dépit des promesses de Damas de mettre en oeuvre le plan Annan à la date du 10 avril et de ses assurances sur le début d'un retrait de ses troupes. A Moscou, le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a assuré que la Syrie avait commencé à mettre en oeuvre le plan Annan, appelant toutefois Damas à être «plus actif» et «plus ferme» dans son application, lors d'une conférence de presse avec son homologue syrien Walid Mouallem. «Nous avons discuté avec le ministre Mouallem des détails de l'application du plan (Annan). On nous a informé du début de l'application de ce plan par la direction syrienne», a déclaré M.Lavrov. «Nous avons déjà effectué le retrait de nos unités militaires dans certaines provinces», a poursuivi M.Mouallem. «Le cessez-le-feu doit commencer avec l'arrivée d'observateurs internationaux», a-t-il ajouté. La visite de M.Mouallem à Moscou coïncide avec l'expiration du délai fixé par l'ONU pour un retrait de l'armée syrienne en vue d'un cessez-le-feu total jeudi. Par ailleurs, M.Mouallem a une nouvelle fois accusé la Turquie d'armer et de soutenir les rebelles, alors que la tension est brusquement montée lundi entre les deux voisins après que des tirs en provenance de Syrie ont fait des blessés sur le sol turc. Cet incident, le premier du genre en Turquie, s'est doublé de la mort d'un caméraman libanais, en reportage à la frontière avec la Syrie. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a haussé le ton hier, estimant qu' «il s'est produit une très claire violation de la frontière». «Nous prendrons évidemment les mesures nécessaires», a-t-il ajouté, sans préciser lesquelles. Le ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a interrompu une visite en Chine et devait rentrer immédiatement en Turquie à cause de cette brusque montée de la tension entre les deux pays. «La Turquie soutient les groupes armés illégaux syriens, leur fournit des armes (...) et contribue à la pénétration illégale de militants en Syrie», a rétorqué M.Mouallem, estimant que «cela contredit le plan Annan». Selon Ankara, quelque 25.000 Syriens se sont réfugiés sur son territoire depuis l'éclatement d'une contestation hostile au président Bachar Al Assad le 15 mars 2011. M.Annan est d'ailleurs arrivé en Turquie pour y visiter des camps de réfugiés syriens. Il doit ensuite envoyer un courrier au Conseil de sécurité de l'ONU concernant son plan, a annoncé son porte-parole. Sur le terrain, l'armée bombardait une localité de la province d'Alep (nord) et des quartiers la ville de Homs (centre), alors que le plan de paix de M.Annan prévoyait le retrait des chars et des troupes du régime, qui tente d'écraser dans le sang la révolte depuis plus d'un an. De violents combats se déroulaient entre armée et rebelles dans la province de Deraa (sud) et six soldats ont été tués dans une attaque dans la région de Hassaka (nord-est). Avant même la reprise des violences, les Etats-Unis ont estimé lundi que Damas n'a fait «aucun signe jusqu'ici» pour montrer le respect de ses engagements en vue d'un cessez-le-feu.