Même les chefs de parti, y compris ceux qui sont considérés comme les grosses pointures, n'ont pas réussi à remplir les salles. La campagne électorale pour les législatives a bouclé ce week-end sa deuxième semaine. Lundi à minuit, elle arrive à son terme légal. Soit une plage de trois jours pour les candidats plus que jamais appelés à fournir un gros effort pour convaincre. Car, quand bien même on aurait remarqué ces derniers jours un léger frémissement, force est de convenir que cette campagne électorale, à l'inverse des précédentes, depuis l'instauration du pluralisme, aura été sans grand relief. Il est vrai que la foule, élément central dans le processus, fait défaut. Il n'y a pas de chiffres pour vérifier, mais les échos répercutés par nos correspondants, tout au long de ces 15 premiers jours, font état de l'annulation de plusieurs meetings, y compris dans les petites localités de l'intérieur du pays où habituellement les citoyens ne ménagent point leur présence pour faire honneur aux candidats invités. Même les chefs de parti, y compris pour ce qui est considéré comme les grosses pointures, n'ont pas réussi à remplir les salles. D'où leur option pour des approches de proximité avec les citoyens “plus efficaces”, explique-t-on. Autre signe de cette indifférence que tous les observateurs ont relevée, le peu de curiosité devant les panneaux d'affichage. D'ordinaire, surtout les premiers jours, on observe des attroupements de citoyens devant ces panneaux, chacun y allant de son commentaire, de son analyse. Les permanences électorales et les sièges de parti, généralement caractérisés par une animation, une effervescence à coups de banderoles et de décibels patriotiques, sont quasiment muettes. C'est dire que cette campagne, millésime 2007, censée être un moment politique fort, synonyme de grands débats, d'ambiance festive, n'a pas réussi à faire oublier aux Algériens la morosité de leur quotidien. Cette indifférence, qui pourrait se traduire jeudi prochain par une grande abstention, est appréhendée par les candidats dont le mot de la fin de leur meeting est : “Votez massivement pour…” Chacun avançant son propre argument pour appeler aux urnes. Mais au-delà du constat qui fait plus ou moins l'unanimité, c'est à se demander pourquoi les Algériens sont si indifférents à la campagne et à ces élections législatives, de manière générale. Un premier élément de réponse pourrait venir de l'image du député dans la société algérienne qui le perçoit comme quelqu'un qui cherche à aller à l'Assemblée juste pour obtenir un statut avec des indemnités royales, des relations, des voyages, une immunité parlementaire qui le mettrait à l'abri des poursuites pendant le mandat. Quand on sait que certains candidats à la candidature étaient prêts à payer en espèces sonnantes et trébuchantes pour être sur une liste, il est difficile de convaincre le citoyen que le député cherche un mandat pour le défendre. Sans doute qu'il y a des candidats qui veulent aller au Parlement pour défendre leurs convictions, pour apporter aussi la contradiction à l'unanimisme stérilisant qui a prévalu dans la législature version Saïdani. Ces mêmes citoyens à qui l'on rabâche des promesses à la “en veux-tu, en voilà”, savent pertinemment que le Parlement, dans le système politique actuel, n'a aucun pouvoir de contrôle, encore moins de censure sur l'Exécutif. Quand bien même d'aucuns, pendant cette campagne, voudraient bien croire à la capacité des futurs députés à peser sur les grands équilibres politiques. À tous ces paramètres, il faut ajouter ce qui est une constante pour chaque rendez-vous électoral, à savoir les soupçons de fraude qui font croire au citoyen électeur que les dés sont pipés d'avance et que la nouvelle configuration de la prochaine Assemblée sera une affaire de quotas. N. Sebti