«Les libertés individuelles et collectives telles que contenues dans la Constitution sont bafouées.» La peine de trois ans de prison ferme requise par le parquet à l'encontre de Abdelkader Kherba dont le procès a eu lieu jeudi dernier, est qualifiée par la société civile comme un exemple de répression visant les militants des droits de l'homme. Les chefs d'inculpation retenus contre l'accusé sont, entre autres, incitation à attroupement, trouble à l'ordre public et usurpation d'identité. Unanime, la société civile a dénoncé cet acte qu'elle qualifie de répression pure et simple, les libertés individuelles et collectives telles que contenues dans la Constitution, la Déclaration universelle des droits de l'homme, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ainsi que dans la Charte africaine des droits de l'homme viennent d'être bafouées par les autorités. Ainsi, le Rassemblement action jeunesse (RAJ) a dénoncé «vigoureusement», dans un communiqué publié jeudi dernier et signé par son président, Abdelwahab Fersaoui, la peine requise contre Abdelkader Kherba, arrêté, il y a une semaine, lors d'une manifestation des greffiers devant le tribunal de Sidi M'hamed, à Alger. A signaler que Abdelkader Kherba est militant du Comité national pour la défense des droits des chômeurs et membre de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh). Dans son communiqué, la RAJ s'est également insurgée contre ces pratiques d'intimidation et lance un appel à une «mobilisation massive» pour la libération immédiate de M. Kherba. Dans le même sillage, le RAJ a aussi condamné la répression dont ont été victimes des citoyens, chômeurs et représentants de la société civile venus soutenir Abdelkader Kherba. Il condamne en outre l'arrestation d'une dizaine de syndicalistes et de militants, dont le candidat du FFS à Alger, Hakim Addad, qui ont été relâchés après quelques heures passées dans les locaux de la police. De son côté, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh) rappelle que M.Kherba a agi de façon pacifique et dit s'inquiéter des atteintes aux libertés individuelles et collectives. Et, elle assure qu'elle demeurera mobilisée «pour dénoncer toutes les atteintes aux droits de l'homme et oeuvrera à les défendre et les promouvoir». Même son de cloche de la part de l'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'homme, qui a appelé «le président de la République, le ministre de l'Intérieur et d'autres responsables algériens à intervenir de toute urgence». Cet observatoire, qui a un programme conjoint avec la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (Fidh) et de l'Organisation mondiale contre la torture (Omct) déplore également les conditions dans lesquelles a eu lieu le procès de Abdelkader Kherba, indiquant qu'elles «s'inscrivent en violation avec le principe essentiel de publicité des débats judiciaires, composante essentielle du droit à un procès équitable».