L'ancien chef des opérations internationales de construction du géant canadien de l'ingénierie SNC-Lavalin soupçonné d'avoir profité de liens étroits avec le régime Kadhafi, Riadh Ben Aïssa, est écroué en Suisse depuis la mi-avril, ont révélé dimanche des médias canadiens. Selon une enquête conjointe des chaînes publiques Radio-Canada, CBC et de la Radio Télévision Suisse (RTS), M. Ben Aïssa a été arrêté et écroué par les autorités helvètes dans une affaire de blanchiment d'argent présumé, d'escroquerie et de corruption de fonctionnaires en Afrique du Nord. M. Ben Aïssa, qui a la double nationalité canadienne et tunisienne, et Stéphane Roy, vice-président aux finances de la division construction, avaient été congédiés en février par le groupe montréalais actuellement sous enquête. La Gendarmerie royale du Canada (GRC, police fédérale) avait d'ailleurs perquisitionné le 13 avril dernier le siège social de SNC-Lavalin à Montréal. Le groupe présent dans une centaine de pays a connu récemment des difficultés ayant conduit à la démission de son PDG Pierre Duhaime après la découverte de versements illicites totalisant 56 millions de dollars. Selon une enquête interne de SNC-Lavalin, M. Ben Aïssa avait embauché pour 33,5 millions de dollars des «agents présumés » non identifiés afin d'obtenir un contrat non précisé. De hauts responsables du groupe avaient refusé de valider ce paiement, finalement autorisé par le PDG démissionnaire. Un versement de 22,5 millions de dollars pour un autre contrat avait lui été approuvé de « façon non conforme » par M. Ben Aïssa et « une autre personne de sa division », d'après ce rapport rendu public le mois dernier. Selon la chaîne CBC, MM. Ben Aïssa et Roy auraient embauché Cynthia Vanier, une consultante actuellement emprisonnée au Mexique, dans le but de faire entrer illégalement au Mexique un des fils du colonel libyen Mouammar Kadhafi, Saadi.