Comme l'a pressenti le prophète Yaâcob, les dix frères de Joseph, à l'affût de la moindre information, ont redoublé de férocité envers leur frère Youcef. Si le songe a davantage augmenté l'amour du père envers lui, pour lui avoir annoncé la bonne nouvelle sur la succession de la prophétie parmi sa progéniture, les frères ne l'entendent pas ainsi. Devenus plus jaloux et plus méchants, les frères se réunissent dans un lieu à part et machinent un projet diabolique en vue de le faire disparaître, y compris par la force et la violence. Comme l'avait prédit le père qui avait conseillé son fils venu lui raconter le songe du soleil, de la lune et des onze astres qui se prosternent à ses pieds, la main invisible de Satan est derrière cette machination. Le Coran nous rapporte leur délire en ces termes: «Il y a assurément des signes dans le récit de Youcef et ses frères pour ceux qui questionnent. Quand ces derniers dirent: «Youcef et son frère sont plus chers à notre père que nous, qui sommes une dizaine. Vraiment, notre père est dans un égarement manifeste». «Tuez Joseph, dirent-ils les uns aux autres, ou éloignez-le en quelque terre pour que votre père ne regarde que vous et pour que vous soyez après sa disparition, des gens bien en vue». Toutefois, cette ardeur et cet emportement furent quelque peu tempérés par l'intervention du frère aîné qui proposa un moindre mal, celui de faire éloigner le petit en proposant de le mettre au fond d'un puits pour que les caravaniers le prennent avec eux vers une destination inconnue. Ils savent que ces derniers qui viennent du nord de l'Orient passent par ce puits en marquant un repos pour continuer leur chemin jusqu'en Egypte. Et voici sa proposition adoptée: «Ne tuez pas Joseph, jetez-le plutôt dans les profondeurs du puits. Quelques caravaniers de passage pourraient le recueillir, si vous êtes décidés». (10) Succède la scène suivante. Après avoir arrêté leur projet, les frères viennent retrouver leur père pour tenter de lui enlever Joseph. Le père sent la tricherie, mais cède finalement à la demande de ses fils et laisse le jeune Joseph partir avec eux dans une excursion en campagne, tout en les mettant toutefois en garde contre tout méfait. «Père, dirent-ils, pourquoi te méfies-tu de nous au sujet de Joseph? Nous sommes bien intentionnés à son égard» (11) Envoie-le avec nous, demain, faire paître les troupeaux et jouer. Nous veillerons sur lui». (12) «J'éprouverai de la tristesse», dit-il, «si vous l'emmenez avec vous. Je crains que le loup ne le dévore, tandis que vous ne ferez pas attention à lui».(13) Ils dirent: «Si le loup le dévorait, alors que nous sommes une dizaine, nous serions vraiment victimes d'une fatalité.» (14)