Ce passage ne relate pas le forfait, celui d'avoir mis leur jeune frère au fond d'un puits situé sur le chemin de la grande caravane Nord-Sud et Orient-Egypte dans le but de le faire éloigner définitivement du domicile paternel. Il se limite seulement à l'évoquer pour servir de phrase de transition dans le texte afin de situer le cadre du dialogue qui a eu lieu entre les frères et leur père sur les conditions de la disparition du jeune Youcef. Ces phrases au nombre de trois sont: 1- Lorsqu'ils l'eurent emmené et furent unanimes à le jeter dans les profondeurs du puits, 2- Lorsque nous révélâmes: «Certes, tu auras à leur rappeler leur présent forfait au moment où ils s'y attendront le moins» (15) 3- Et lorsque le soir, ils retournèrent chez leur père, en pleurant, (16) Vient ensuite la scène proprement dite avec le dialogue dans lequel les frères tentent de justifier le forfait: Ils dirent: «Père, nous avons joué à la course en laissant Joseph près de nos effets. Le loup l'a alors dévoré. Tu ne nous croiras pas, bien que nous soyons sincères.» (17) Et ils lui présentèrent sa chemise tachée de sang qui n'était pas le sien. Il dit: «Vos âmes vous ont suggéré un mauvais coup. Je ferai preuve d'une belle patience. En vérité, c'est Dieu qui est l'assistant pour supporter ce que vous racontez» (18) Cette scène montre d'un côté jusqu'à quelles extrémités peuvent aller les tenants de l'ignorance, de la méchanceté, de l'injustice, de la passion et la jalousie, y compris celles venant de ses propres frères. Les dix frères ont accompli leur forfait presque sans remords pour assouvir leur haine vis-à-vis du petit frère. De l'autre, il leur est opposé la confiance en Dieu et la sérénité d'un père, le prophète Yaâqob, frappé dans ce qu'il possède de plus précieux, de plus cher, son fils aimé, pressenti comme son futur successeur. Comme son grand-père, l'histoire se répète presque. Si Abraham - Sur Lui Prière et Salut - avait été éprouvé par le sacrifice de son fils Ismaël, également bien-aimé et chéri en raison de sa soumission et de sa gentillesse, Yaâqob l'a été par la disparition subite de son fils Youcef. Tel grand-père, tel petit-fils, Yaâqob a compris le message divin, que la force divine est au-dessus de tout calcul, en se pliant ainsi à la volonté divine. Les frères de Youcef savaient-ils qu'en oeuvrant à faire éloigner leur petit frère pour se venger de leur père, ils lui avaient, en vérité, rendu un grand service en le mettant sur le chemin de la gloire pour forcer son destin? Un grand destin!