Poursuite des réformes, Constitution, élections locales et présidentielle sont les quelques chantiers du futur gouvernement. Une fois que le Conseil constitutionnel confirmera les résultats des élections, les choses sérieuses pourront commencer. Il faut s'attendre à ce que le Premier ministre présente sa démission au Président qui le maintient à son poste ou nomme un nouveau locataire au Palais du gouvernement. Il faut s'attendre aussi à la constitution de l'équipe gouvernementale dans laquelle une dizaine de ministres seront maintenus. Les nouveaux seront nommés sur la base de compétences techniques. L'Alliance au gouvernement comprendra probablement le FLN, le RND, le MSP, le MPA de Amara Benyounès ou encore le FFS de Ali Laskri. Ils auront la tâche de formuler le programme du gouvernement. Qui le présidera? Les noms de Amar Ghoul, de Abdelmalek Sellal et de Yousfi circulent. L'un d'entre eux s'attellera à poursuivre le programme du Président jusqu'en 2014, à consacrer l'ouverture du champ audiovisuel, préparer la loi de finances complémentaire et surtout mettre en oeuvre la promesse de changement prônée par Bouteflika à Sétif. Le résultat du vote va influer sur la composition du nouveau gouvernement qui poursuivra le projet des réformes politiques et économiques lancé par le Président de la République. Parmi les chantiers attendus, on cite aussi la prochaine élection locale avant de préparer l'élection présidentielle de 2014. Le gouvernement aura également la tâche de revoir le statut de la justice, de réformer l'école et le système de santé. Mais le projet politique sera celui de déterminer le fonctionnement de l'Etat, ce qui conduira le FLN à composer avec ses alliés traditionnels de l'Alliance présidentielle et autres. Il faut un consensus national pour débattre le projet de la Loi fondamentale du pays, qui sera proposé. Sur ce chapitre, le FLN sera confronté à deux formations, en l'occurrence le Front des forces socialistes, qui vient d'investir l'APN avec un groupe parlementaire. Un parti qui plaide pour instaurer une Assemblée constituante. Une option que défend également le Parti des travailleurs, bénéficiant, à son tour, de 20 sièges. Les partisans d'une Constituante considèrent que le peuple algérien n'a jamais eu l'occasion de se prononcer librement sur les valeurs qui fondent sa société. Ils peuvent être considérés comme les partisans d'un changement fondamental du régime politique. Cette question semble diviser profondément la classe politique algérienne. Le FLN et ses alliés traditionnels sont contre la Constituante, parce qu'ils considèrent que c'est faire table rase de tout ce qui a été réalisé depuis l'Indépendance. Le FLN sera confronté à des rapports de force pour imposer un système politique qu'il veut mettre en place, et il sera également question du rôle de la société civile dans la gouvernance du pays et les relations entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. Donc, la responsabilité et la mission du FLN sont lourdes et engagent l'avenir du pays. Néanmoins, la question qui se pose est, sans nul doute, la suivante: le FLN sera-t-il en mesure de rattraper les décalages enregistrés et oxygéner la vie publique et politique, tout en donnant une impulsion aux forces vitales, tous domaines confondus, pour contribuer à l'édification d'un Etat de droit, ou continuera-t-il à être le porte-voix d'un gouvernement et à se limiter au rôle d'enregistrement dans l'Assemblée nationale? L'enjeu est théoriquement majeur. On le constate. Ces élections législatives remportées haut la main par le FLN ne sont que le prélude des grandes manoeuvres, déterminant l'horizon politique jusqu'à 2020 au moins. Ainsi, pour certains, c'est là justement le véritable enjeu de ces élections législatives. Abdelaziz Bouteflika s'implique dans son dernier discours du 8 mai dernier, à partir du Sétif. Le chef de l'Etat s'est rarement autant impliqué dans une campagne, répétant que l'avenir de l'Algérie se jouait aujourd'hui, comme il s'était joué en 1954, au début de la guerre d'indépendance. Cela dit, il est vrai que l'Assemblée nationale a, en effet, un rôle non négligeable à jouer dans la suite des événements politiques nationaux, avec à l'horizon, l'élection présidentielle de 2014. En outre, en plus du souci des élections locales prévues dans quelques mois, le FLN aura la lourde responsabilité de préparer la prochaine élection présidentielle et il compte bien sûr y peser. Au FFS, on pense que l'Assemblée sera une étape dans le sillage de l'élection présidentielle de 2014. «L'Algérie a besoin d'un nouveau contrat historique à la hauteur des exigences de ce moment crucial», a-t-on soutenu. Cette élection définira la nouvelle carte politique de l'Algérie pour les vingt ans à venir. L'adhésion au FLN impliquera-t-elle l'abandon de toute autre identité politique? Tous les autres courants du Mouvement national, sont-ils appelés à disparaître?