Comment remplir le couffin, telle est la question Avec l'équivalent de 18 000 dinars/mois, les smicards algériens touchent plus que les Marocains, mais beaucoup moins que les Libyens et les Libanais. Malgré tous les sacrifices consentis ces dernières années par l'Etat pour relancer la machine économique et réduire le taux d'inflation, l'érosion du dinar et la cherté de la vie ont poussé les travailleurs à réclamer toujours plus. En effet, il ne se pase pas un jour sans que l'on assiste à des sit-in, observés ici et là, par les travailleurs pour demander, sans cesse, une révision de leurs salaires. Un mal devenu récurrent, qui s'est propagé à la vitesse grand V, n'épargnant aucun secteur, aucune entreprise qu'il soit public ou privé. Tour à tour, les travailleurs de l'enseignement, ceux de la santé et des transports, les greffiers et les communaux, les PTT, les fonctionnaires et les retraités et certains activant dans le secteur privé, ont organisé des mouvements de protestation pour exiger un meilleur salaire et des conditions de travail plus saines, qui garantissent, notamment le libre exercice du mandat syndical. Certes, la majoration du Snmg qui est passé depuis le premier janvier de cette année à 18.000 dinars, constitue une bouffée d'oxygène pour les smicards, mais force est de reconnaitre que le dérèglement continuel du marché, dont celui des fruits et légumes et surtout la hausse vertigineuse de certaines denrées telles que la pomme de terre et la tomate qui avaient atteint respectivement 130 et 180 DA au cours du mois d'avril, ont rogné le pouvoir d'achat des citoyens. Même les travailleurs qui ont vu leurs salaires doubler, voire parfois tripler, ont subi les contrecoups de cette flambée des prix sans précédent. Pour les experts en économie, les augmentations de salaires octroyées aux travailleurs sont dues à la dépréciation du dinar et au taux d'inflation qui est largement supérieur à celui déclaré officiellement. N'empêche, avec l'équivalent de 243 dollars, l'Algérien touche moins que le Libanais avec ses 333 dollars et beaucoup moins que son voisin libyen qui, lui, dépasse les 400 dollars/ mois. Un écart qui tranche avec les capacités et surtout les ressources importantes que recèle le pays et qui ne demandent qu'à être bien exploitées. Car tout le monde s'accorde à dire que l'Algérie est un pays riche, mais que ses richesses sont, malheureusement, inexploitées et mal réparties. En prenant une décision historique en faveur des retraités qui n'ont plus de souci à se faire, grâce à cette caisse alimentée par le Fonds de régulation des recettes pétrolières, le président de la République a redonné le sourire à cette frange de la société et aux personnes du troisième âge qui ne se considèrent plus comme des laissés-pour-compte abandonnés à leur sort après de longs et loyaux services. La promulgation de nouveaux textes de lois et de nouveaux statuts qui corrigent toutes les anomalies et inégalités relevées jusque-là, et qui encouragent l'esprit d'initiative et la recherche dans tous les domaines de la vie active, sont les seules voies pour mettre un terme à toute cette agitation et à tous ces conflits qui secouent sans relâche la société et l'empêche d'aspirer à un monde meilleur. Les Algériens attendent, en tout cas, beaucoup du nouveau Parlement qui ne doit plus être une caisse de résonance comme par le passé, mais un forum, voire une tribune où l'on débat des lois et des questions brûlantes qui intéressent l'ensemble de la société.