[L'Algérie, le seul pays arabe dont la politique envers l'entité sioniste est demeurée ferme et constante]L'Algérie, le seul pays arabe dont la politique envers l'entité sioniste est demeurée ferme et constante Des médias occidentaux focalisent, depuis quelques jours, sur l'Algérie et sa possible «suspension» des JO. Qu'en est-il? Ce qui aurait pu passer pour une foucade devient, à force de rabâchage, problématique et pose un problème sérieux. Il s'agit du soi-disant «boycott» des athlètes israéliens par les compétiteurs algériens. Qu'y a-t-il de vrai dans toutes ces fabulations, alors qu'il semble que c'est surtout une nouvelle campagne sioniste d'intimidation de l'Algérie. De quoi s'agit-il en fait? Israël se plaint que des athlètes algériens refuseraient de rencontrer ceux de l'Etat hébreu ou de participer à des compétitions où sont présents ses représentants. Il faut d'abord noter que de telles rencontres (sportives) entre athlètes des deux pays sont très rares, autant dire accidentelles. De tels cas, qui se comptent sur les doigts d'une seule main, ces cinq dernières décennies - en fait l'Algérie n'a jamais été en posture de rencontrer sportivement Israël que ce soit en officiel ou autrement - sont tellement insignifiants qu'ils ne méritaient pas d'être relevés. C'est dire que ces rencontres sont et demeurent anecdotiques. «L'affaire du siècle» En fait, sportivement, les routes de l'Algérie et d'Israël ne se sont jamais croisées, ce qui fait que, s'il est advenu que des sportifs des deux pays se soient trouvés face à face, cela est très rare. Jamais, les équipes nationales de ces deux pays n'ont eu à se rencontrer. Il n'y avait pas de quoi en faire une affaire qui est allée jusqu'à mobiliser le CIO. En effet, pourquoi Israël veut-il faire, d'un incident, un problème d'éthique sportive et appelle à l'intervention du Comité international olympique (CIO)? Le fait est que depuis quelque temps, des médias occidentaux, israéliens et britanniques en particulier, tels que le Times de Londres, de même que des supports électroniques, mènent une campagne virulente contre l'Algérie qui, selon ces médias, «boycotterait» les sportifs israéliens. Cela semblerait être parti d'un incident mineur qui aurait eu lieu récemment en Allemagne lors du Champion-nat du monde de kayak, lors duquel un athlète algérien, Nasreddine Baghdadi, aurait refusé de participer à une course où figurerait un athlète israélien. Prenant prétexte de cet incident, le journal londonien le Times - actionné par qui? - en fait «l'affaire du siècle» écrivant dans une de ses éditions: «Le Comité international olympique (CIO) a [d'ailleurs] mis l'Algérie dans son collimateur en critiquant la tendance des athlètes algériens à 'inventer des excuses'' pour boycotter les athlètes israéliens.» Prenant la perche au vol, pour ainsi dire, le CIO rendait public, le 8 juin dernier, un communiqué dans lequel il explique que «refuser de concourir face à un athlète aux Jeux de Londres en raison de la nationalité ou la religion serait une 'grave violation'' du Code de l'éthique olympique». La porte-parole du CIO en rajoute une couche «que les athlètes et les équipes devraient 'rester à la maison'' s'ils ne sont pas prêts à soutenir la concurrence sans discrimination». La presse israélienne va encore plus loin qui écrivait en début de semaine: «Le CIO pourrait 'punir'' (c'est le mot employé, Ndlr) l'Algérie et l'Iran si leurs athlètes refusent la compétition avec les Juifs d'Israël.» Pourquoi les juifs d'Israël? Les compétiteurs algériens, arabes ou musulmans ont toujours affronté sur le terrain de sport des juifs sans tenir compte de leur religion. Israël souligne «juifs d'Israël». Que l'on affronte les juifs américains, européens ou autres n'a pas d'importance. Ce qui est important aux yeux d'Israël c'est «les juifs d'Israël» Dès lors, il n'est plus question de sport, d'éthique ou de morale sportive, mais bel et bien de politique. «L'olympisme» veut mettre l'Algérie au «pas» Les Israéliens politisent donc un fait aussi anecdotique qu'une rencontre sportive. On veut donc forcer l'Algérie à une reconnaissance, même indirecte, d'Israël, en exigeant que les sportifs algériens rencontrent, non pas les sportifs israéliens, mais les «juifs d'Israël». La nuance est d'importance et devait être relevée. Il faudra dès lors que les choses soient claires. L'Algérie ne reconnaît pas Israël, n'a de relations d'aucune sorte et à aucun niveau avec l'entité sioniste. Pourquoi le sport devrait-il être une exception qui ouvre une brèche dans la position de principe de l'Algérie envers Israël? D'autant plus qu'il s'agit là de rencontres individuelles, très rares comme nous l'avons souligné, alors qu'il n'y eut jamais d'opportunité de rencontres officielles entre les deux pays en sport collectif. Ce qui devra sans doute nécessiter une clarification des autorités algériennes sur la question. Il reste toutefois que les autorités algériennes sont demeurées muettes ces dernières années face aux attaques et autres campagnes récurrentes contre l'Algérie et les athlètes algériens. Ce silence ne peut plus durer, au moment où certains pays, par le biais de «l'olympisme» veulent mettre l'Algérie au «pas». C'est du moins ce qu'écrivent les médias européens et israéliens notamment. Ce qui amena le Dr Hanifi à s'embrouiller dans des explications qu'il n'était sans doute pas qualifié à donner. Mais que la langue du président du COA (Comité olympique algérien), le Dr Rachid Hanifi, ait fourché ou non - d'ailleurs M.Hanifi a démenti avoir fait les déclarations que lui prêtait le quotidien londonien, le Times - il faut maintenant que les autorités algériennes agissent et défendent les athlètes qui défendent les couleurs du pays et cessent de mener la politique de l'autruche. Il ne fait pas de doute en effet, que le problème dépasse désormais le seul président du COA qui n'est d'aucune manière habilité à prendre une décision dans un sens ou dans l'autre. Si jusqu'ici, des athlète algériens se sont vus dans l'obligation de prendre à titre individuel des décisions (affronter ou pas) qui peuvent être interprétées en tant que décisions politiques, il appartient aux autorités de faire le point sur la question, dès lors que les autorités olympiques en font aujourd'hui un problème d'éthique sportive. Aussi, les autorités politiques doivent clarifier la position de l'Algérie sur ce problème, si problème il y a. Or, si un athlète estime en son âme et conscience qu'il ne peut pas concourir avec les représentants d'un pays qui oppresse le peuple palestinien, c'est son droit absolu et rien ni personne ne peut l'y contraindre. Là aussi, c'est une question de morale. Cela n'a rien à voir avec l'éthique sportive brandie ici et là, d'autant plus que les Jeux olympiques ont perdu leur innocence du fait même qu'ils sont devenus une tribune de choix pour tous les contestataires de la planète. En fait, les JO sont phagocytés outre l'argent, par les «boycotts politiques». Des Jeux de Melbourne en 1956 (en pleine guerre de Suez lorsque Israël (encore), appuyé par la France et la Grande-Bretagne, attaqua l'Egypte, aux derniers JO en date, à Pékin en 2008 - lorsque des pays occidentaux ont protesté contre la répression au Tibet et le respect des droits de l'homme en Chine - les Jeux olympiques sont devenus le lieu de toutes les contestations et protestations. Cela fait donc belle lurette que les JO ont été politisés et perdu leur authenticité. Aussi, ressortir aujourd'hui l'éthique sportive à propos d'incidents isolés, hors des Jeux proprement dits, c'est au mieux, de la provocation au pire, de l'ostracisme envers ceux qui n'obtempèrent pas au diktat du «politiquement correct». Et ce n'est pas M.Rogue, président du CIO, qui promet d'assister, à Londres, à la minute de silence que réclame Israël - à défaut de pouvoir l'imposer à la communauté olympique - commettant ainsi un geste éminemment politique - qui va changer la donne aujourd'hui inséparable de l'olympisme qu'est le «boycott olympique» qui exprime un refus du diktat des uns envers les autres. Les refus de l'Afrique d'aller à Montréal (1976, pour protester contre la présence de l'Afrique du Sud de l'apartheid), des Etats-Unis et des pays occidentaux d'aller à Moscou (1980), de l'ex-Urss et des pays de l'Est de prendre part aux JO de Los Angeles (1984) ont placé les Jeux sur une autre trajectoire. Les Jeux olympiques sont devenus des «Jeux politiques» que le CIO le veuille ou non. Il est toutefois curieux, pour l'affaire qui nous occupe, que l'on se focalise sur la seule Algérie alors qu'il existe 21 pays arabes (on ne compte pas la Palestine dont les territoires et la capitale historique sont sous le joug d'Israël) dont les athlètes eurent, à un moment ou à un autre, à affronter un Israélien. Alors pourquoi Israël pointe-t-il son doigt sur la seule Algérie? Il est facile de décoder le message: l'Algérie est justement quasiment le seul pays arabe dont la politique envers l'entité sioniste est demeurée ferme et constante, c'est aussi le seul pays qui n'a jamais eu d'une manière ou d'une autre, dans quelque circonstance que ce soit, pris langue avec Israël. L'hypocrisie C'est là une position de principe de l'Algérie, invariable depuis l'indépendance du pays, de soutien aux pays victimes de la colonisation et leur droit à l'autodétermination. Mais désormais, il faut que la Ligue arabe se prononce et prenne position dans un sens ou dans un autre sur cette question qui engage l'ensemble du Monde arabe, pas seulement l'Algérie. L'hypocrisie des uns et des autres n'est plus soutenable. Soit, les Arabes sont solidaires avec les Palestiniens, et de ce fait ne pas partir aux Jeux olympiques ne serait pas - dans ce contexte - un sacrifice, gratuit ou extrême, mais une décision assumée, soit ils ne se prononcent pas ou refusent de le faire, et là aussi, il convient que la Ligue arabe assume ses responsabilités. Il appartiendra à ce moment à chaque pays de se déterminer en son âme et conscience par rapport à la question palestinienne. Or, jusqu'à ce jour, Israël empêche les sportifs palestiniens de recevoir leur adversaires dans les territoires palestiniens occupés. Qu'en pensent les instances sportives mondiales? On n'a pas entendu M.Rogue, président du CIO protester et parler d'éthique sportive et du droit des Palestiniens de pouvoir recevoir leurs adversaires sur leur territoire. Qui sont l'objet d'un blocus inhumain de la part d'Israël. En fait, Israël instrumentalise les Jeux et cherche à imposer son diktat comme il impose son oukase aux médias internationaux, pratique un terrorisme intellectuel contre ceux qui lui résistent ou n'admettent pas sa loi. Avec cette histoire d'athlètes algériens qui refuseraient de concourir avec les Israéliens, Israël veut prescrire son blanc-seing sur les Jeux olympiques. Cela est inacceptable et n'a aucun rapport avec l'éthique sportive et morale invoquée par les responsables du CIO. Coubertin est mort depuis un siècle. On ne va pas le ressusciter.