La principale interrogation a trait à la réaction des enseignants grévistes devant la main tendue du ministre. La principale revendication des enseignants de lycées grévistes sera partiellement satisfaite. Le gouvernement a enfin retenu hier le principe d'une augmentation substantielle des salaires du personnel de l'éducation nationale du cycle primaire au secondaire. Il va de soi que les professeurs de lycée, en débrayage depuis le début de l'année scolaire, sont les premiers visés par cette mesure décidée par le gouvernement après près de deux mois d'arrêt de cours. Une source gouvernementale autorisée a confirmé hier cette information en précisant que l'augmentation de salaire ne sera sans doute pas de l'ordre de 100%, on évoque une hausse de l'ordre de 5000 DA. Cette décision, prise au lendemain du préavis de grève lancé par la Fédération nationale des travailleurs de l'éducation du 16 jusqu'au 20 novembre prochain, est destinée, dit-on de même source, à résorber une crise qui commence à prendre une ampleur inconsidérée. Le prise de l'augmentation retenue, il est prévu dès aujourd'hui une série de rencontres ministère de l'Education-syndicats du secteur. La Fnte sera la première organisation à être reçue par Benbouzid qui prévoit d'étendre le dialogue à d'autres syndicats, moins représentatifs, mais néanmoins agréés par l'Etat. Notre source indique que le ministre de l'Education demeure intraitable sur le point de l'illégalité du Cnapest et du CLA, les deux organisations à l'origine du mouvement de grève qui paralyse tous les lycées de la République. La principale interrogation qui demeure pendante a trait à la réaction des enseignants grévistes devant la main tendue du ministre. En effet, il y a lieu de relever que le niveau d'augmentation proposé par le gouvernement et qui sera négocié principalement par le syndicat affilié à l'Ugta risque de ne pas satisfaire les animateurs de la grève qui, après plusieurs semaines d'intense activisme, semblent contrôler l'essentiel du corps enseignant des lycées. Ajouté à cela leur revendication qui consiste en la reconnaissance du Cnapest en tant qu'organisation syndicale à part entière. Il y a lieu de rappeler, à cet effet, les propos du président de ce mouvement qui affirme que la grève ne cessera qu'après l'agrément de l'organisation qu'il dirige. En fait, le plus dur reste de contourner le Cnapest et le CLA, pour négocier directement avec les représentants légaux des professeurs de lycée, ce qui semble loin d'être une mince affaire. Au-delà de l'aspect syndical du bras de fer qui oppose le ministère de l'Education aux grévistes, notre source évoque une dimension politique et insiste sur la coïncidence de cette action syndicale avec l'entrée en vigueur officielle de la réforme de l'éducation. Quand on sait que les pouvoirs publics ont dû batailler pour imposer les conclusions de la commission nationale de la réforme du système éducatif face à une levée de boucliers sans précédent des milieux islamo-baâtistes, on est en droit de se poser des questions sur le caractère presque invraisemblable des revendications avancées par le Cnapest. D'autant que des informations font état la présence parmi les meneurs de nombreux partisans de l'ancien ministre de l'Education, Benmohamed, connu pour sa farouche opposition à la réforme engagée par les pouvoirs publics dès l'an 2000. Cela en plus de l'infiltration de certains éléments du MRN de Abdellah Djaballah qui, lui aussi, ne cache pas son aversion au projet de réforme de l'école. Ce mélange plus que suspect a conduit à la paralysie des lycées. Laquelle paralysie risquait même de s'étendre aux autres paliers de l'éducation nationale, n'était le réveil de la Fnte, dont l'objectif est de prouver sa représentativité pour négocier sur un plan strictement syndical avec le ministère et décrocher des acquis réalistes, affirme-t-on de même source. En fait, à en croire des informations émanant des milieux syndicaux, l'important est de sauver l'esprit de la réforme car une année blanche créerait tellement de problèmes d'organisation que l'Etat serait dans l'obligation de reporter l'aplication de cette même réforme de plusieurs années. Un risque que ne veut manifestement pas prendre Benbouzid.