S'il y a une chaîne arabe qui ne colle plus à la réalité politique des événements actuels, c'est bien celle-ci. En effet, depuis son rachat par les Libanais, il y a quelques années, cette chaîne arabe, émettant à partir de Londres, a changé de créneau, en optant beaucoup plus pour la musique, les jeux et le divertissement que pour la politique et le débat contradictoire. Selon un responsable de la chaîne, cité par El Hayat, cette orientation obéit à des exigences purement commerciales. Le succès extraordinaire de l'émission de jeu Qui veut gagner des millions?, présentée par l'ancienne vedette de la chaîne libanaise LBC, George Kardahi, en est la parfaite illustration. Autre émission de divertissement à faire le succès de la chaîne Aala Massouliiti (sous ma responsabilité) animé par la vedette du cinéma arabe, le Syrien Dourid El-Laham. Le principe est simple: inviter les plus grandes stars du show-biz arabe et discuter à bâtons rompus de sujet et d'autres. Parmi les stars invitées : Majda Erroumi, Mouna Wassef, Yousra, Sabah, Nadir Djalal, Adel Imam, etc. MBC gagne surtout en audience, avec d'autres émissions plus divertissantes et plus ouvertes sur la culture occidentale. C'est le cas, notamment de l'émission musicale, Top of Pops, animée par une autre vedette libanaise Rosanne, qui a réussi à gagner la sympathie de la diaspora «arabe». Il faut signaler que, depuis l'arrivée des Libanais à la tête de la chaîne, de nombreux journalistes algériens ont été gentiment remerciés, pour des raisons encore obscures. C'est le cas notamment de Lakhdar Berriche, Yazid Mouaki, Bilal et l'ancienne animatrice Hafida. Seule Fatima Ben Houhou, présentatrice du JT de vingt heures, a réussi à s'imposer à l'antenne et à tenir tête à la rude concurrence d'Antoine Aoun, la vedette indétrônable de la chaîne. Avec l'ancienne direction saoudienne, MBC accordait beaucoup d'importance à l'information et à la politique, mais très vite ses orientations politiques ont été dévoilées et on n'accordait pas trop d'importance aux lectures politiques que pouvait faire la chaîne sur certains pays du monde arabe. Son traitement de la guerre du Golfe et de la crise en Algérie a été sévèrement critiqué par les observateurs politiques qui ont estimé que MBC faisait l'apologie du discours intégriste et qu'elle servait beaucoup plus les intérêts des émirs du Golfe, que défendre le peuple irakien, qui souffre de l'embargo économique imposé par les USA et ses alliés arabes. Avec cette nouvelle direction, MBC a changé complètement de cap, optant délibérément pour une information plus généralisée que pour une couverture continue de l'événement comme c'est le cas actuellement sur Al-Jazira. MBC, à l'instar des autres chaînes arabes satellitaires comme ART, Nile TV, ou encore LBC, ne veut pas être otage de l'actualité politique et préfère être une bonne chaîne généraliste qu'une chaîne d'information continue très contestée. Son entrée dans le bouquet numérique et la baisse constante de son audience ont conduit vraisemblablement la direction de la chaîne à revoir son orientation politique et à peser de tout son poids pour équilibrer le traitement de l'information dans un environnement audiovisuel arabe déjà très fermé.