Le Premier ministre palestinien était hier à Gaza avec comme programme de discuter de la trêve. Depuis quelques jours l'on note une certaine accalmie de la violence tant dans les territoires palestiniens occupés qu'en Israël. Cet état d'esprit est mis à profit par les responsables palestiniens pour relancer l'idée d'une trêve générale et durable entre les deux parties, palestinienne et israélienne, seule alternative en vérité pour négocier la paix et les droits des Palestiniens. Mais, pour le Premier ministre palestinien, Ahmed Qorei, il lui faut d'abord convaincre les organisations palestiniennes à faire l'effort, à défaut d'y être contraintes, de donner une chance à une vraie trêve à même de permettre de faire le point de la situation. Dans cette optique, Ahmed Qorei, dont le gouvernement a reçu la semaine dernière l'investiture du Parlement, s'est déplacé hier à Gaza où il aura une série de rencontres avec les principales organisations de la résistance palestinienne, notamment le Hamas et le Djihad islamique. Il ne fait pas de doute que le chef du gouvernement palestinien trouvera en face de lui des résistances, tant les esprits sont encore échaudés par l'échec de la trêve unilatérale du printemps dernier qui ne dura que quelques semaines suite aux coups de boutoir de l'armée israélienne d'occupation. Le gouvernement israélien qui ne reconnaissait pas cette trêve avait alors tout fait pour la faire échouer. Aussi, Ahmed Qorei aura beaucoup de difficultés à convaincre les militants palestiniens qui, en plus, n'ont pas confiance en Israël et dans les coups tordus de Sharon. De fait, les Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa se sont déjà démarquées en annonçant la couleur par leur rejet de la trêve à laquelle travaille M.Qorei par un communiqué dans lequel elles affirment «Nous n'adhérons pas à une trêve avec l'ennemi dont parlent les médias et n'avons rien à voir avec un quelconque document appuyant une trêve». La presse avait évoqué l'élaboration par les Brigades d'un «document de principe» en vue d'une trêve avec Israël. Moins catégoriques, Hamas et le Djihad islamique, encore que très sceptiques, laissent la voix ouverte à la discussion. Ainsi, l'un des porte-parole du Djihad islamique, Mohamed Al-Hindi, a indiqué «Nous pouvons discuter pour épargner les civils, mais nous ne sommes pas favorables à une trêve complète, qui serait contraire aux intérêts du peuple palestinien». Hamas n'a pas encore, hier, réagi à la nouvelle donne et aux efforts d'Ahmed Qorei, mais l'un de ses responsables dit que l'organisation est disponible à écouter ce que l'on va lui dire. Le chef spirituel de Hamas, cheikh Ahmed Yassine, avait dernièrement déclaré que «dans les circonstances actuelles, une trêve n'avait pas de raison d'être». Or, Ahmed Ahmed Qorei a fait de l'instauration de la trêve entre les Palestiniens et Israël l'une des priorités de son gouvernement. Contrairement à ce qui s'est passé en juin dernier, il semble que cette fois-ci Israël serait disposé à faire de son côté un effort dans le sens de conforter l'établissement d'un répit sur le terrain entre les deux parties. Ainsi, à partir de Rome où il accompagne le chef du gouvernement israélien, Ariel Sharon, un responsable israélien, sous le couvert de l'anonymat, a affirmé: «Nous n'engagerons pas d'opération (offensives) sauf s'il s'agit de déjouer un attentat sur le point d'être commis» ajoutant «Nous ne considérons pas qu'un cessez-le-feu soit une solution, mais si un calme véritable règne (côté palestinien), Israël fera preuve de retenue». Il ne fait pas de doute, en tout état de cause, que les deux chefs des gouvernements palestinien, Ahmed Qorei, et israélien, Ariel Sharon, qui se rencontreront dans les prochains jours, selon des sources israéliennes, aborderont d'emblée cette question du cessez-le-feu entre Palestiniens et Israéliens. Selon le ministre israélien des Affaires étrangères, Sylvan Shalom, qui était mardi à Bruxelles celui-ci aurait donné une «date» au secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, indiquant: «Je lui ai donné la date à laquelle nous pensons avoir cette rencontre (avec Qorei) Elle n'était pas fixée exactement mais (ce sera) dans la semaine à venir» La rencontre avec son homologue israélien et l'établissement d'un cessez-le-feu demeurent en effet l'objectif principal avoué par le Premier ministre palestinien. Par ailleurs, dans un entretien au quotidien français Le Monde, le chef de la diplomatie américaine, Colin Powell a dit que les Etats-Unis «s'assureront» qu'Israël «fera des progrès» dans la «Feuille de route», si, indique-t-il, le Premier ministre palestinien, Ahmed Qorei «agit de son côté contre le terrorisme» affirmant: «Nous croyons que les Israéliens sont prêts à répondre et les Etats-Unis s'assureront que les Israéliens répondront». Il est vrai que les Israéliens de plus en plus isolés au plan international, -tant pour leur s contre la population palestinienne, que pour la construction du mur, condamnée par l'ensemble de la communauté internationale, y compris par le pape Jean-Paul II, qui indiqua que le Proche-Orient n'a pas «besoin de mur mais de ponts»-, se trouvent sur la défensive. La levée de boucliers internationale contre la politique extrémiste de Sharon a amené ce dernier à jeter du lest, reste cependant à voir jusqu'où les Israéliens sont prêts à aller dans les discussions avec les Palestiniens. La prochaine rencontre entre Qorei et Sharon devrait à cet effet lever le voile sur la réelle détermination des uns et des autres à travailler pour la paix et à garantir enfin l'aboutissement de la «feuille de route» bloquée par l'intransigeance des Israéliens et qui n'a pu faire aucun progrès ces derniers mois dans sa mise en application.