Même désavoué par le Conseil d'Etat, le mouvement de “redressement” du FLN ne perd pas espoir de tenir son congrès. Un congrès initialement prévu pour le mois d'octobre mais qui a été reporté au mois de décembre, probablement au cours de la dernière semaine, en raison du “retard dans les préparatifs”. Selon le chargé à la communication au sein de cette structure présidée par Abdelaziz Belkhadem, le report n'a été motivé, dans une large mesure, qu'à cause “de problèmes d'ordre technique”. “Il fallait d'abord terminer l'installation des kasmas, dont le nombre a atteint, à ce jour, près de 1 000, mais aussi les mouhafadhas”, affirme notre interlocuteur, contacté hier par téléphone. À se fier à M. Kara, il fallait aussi canaliser le “cortège” de militants qui ont rejoint le mouvement. Ainsi, pas moins de 68% de présidents d'APC ont déjà changé de fusil d'épaule. Rien qu'à Blida, sur les 21 APC appartenant au FLN, 17 ont rejoint avec armes et bagages le mouvement de “redressement” alors que les quatre restantes en ont émis le vœu. Sur un autre chapitre, ajoute notre interlocuteur, il fallait élaborer tous les documents nécessaires à la mission dévolue aux différentes commissions installées. Une réunion de la commission provisoire est d'ailleurs prévue dans ce contexte dans les prochains jours pour se pencher sur les rapports préliminaires des diverses commissions. Parallè-lement, un programme de sortie sur le terrain a été concocté pour le mois de ramadan. Annaba, Constantine, Béchar, mais aussi Tizi Ouzou et Bouira sont, entre autres, les stations d'où le mouvement de redressement escompte mener la campagne de sensibilisation et tenir des conférences avec les militants. Et comme appoint à cette effervescence politique, l'œil sera toujours rivé sur l'institution judiciaire qui aura à trancher sur la “légalité” du VIIIe congrès le 11 novembre prochain. Pourtant, derrière ce semblant de sérénité et d'optimisme qui transparaît en filigrane des propos de notre interlocuteur, il existe des ombres au tableau. Une autre réalité dont les “redresseurs”, pour reprendre un vocable désormais consacré, ne peuvent dissimuler. À vrai dire, si la structure de Belkhadem a toutes les peines du monde à atteindre sa vitesse de croisière, c'est essentiellement en raison, d'une part, de la faible adhésion des militants du FLN et, d'autre part, des querelles de leadership. À se fier à certaines sources, rien ne va plus entre les deux ministres redresseurs, en l'occurrence Boudjemaâ Haïchour et Abderrachid Boukerzaza. Lors d'une rencontre organisée le week-end dernier, à Constantine, un groupe de militants proches de Haïchour s'est attaqué publiquement et de manière virulente à Boukerzaza. La rencontre en question devant regrouper les dissidents des 14 wilayas de l'Est, outre le fait qu'elle n'a drainé qu'une quarantaine de personnes, a été, semble-t-il, inspiré par les fidèles de Boukerzaza à l'insu de Haïchour qui n'a été informé qu'en dernière minute. À Tlemcen, c'est le chef local des “redresseurs” qui vient d'être contesté. Dans d'autres wilayas, de nombreux militants, après avoir “séjourné” quelque temps chez les “redresseurs”, ont décidé de “rentrer au bercail”, la maison mère qu'est le FLN. Mais ce qui a, semble-t-il, désarçonné les “sbires” de Belkhadem, c'est la dernière décision du Conseil d'Etat en faveur du FLN. Une décision perçue comme un véritable camouflet, d'autant qu'ils ont de tout temps bénéficié d'un appui discret mais efficace de l'administration. Et le tout sur fond de rumeurs sur l'insatisfaction du Président de la mission confiée à Belkhadem. C'est dire que le congrès bis n'est pas pour demain… K. K.