Il a été derrière la réussite et le succès de nombreux artistes algériens Le meilleur hommage à lui rendre, c'est lorsque la jeunesse de Larbaâ Nath Irathen, de Tizi Ouzou, réhabilitera la mémoire de ses aînés. Figure emblématique de la culture, du cinéma, du théâtre radiophonique et de l'identité amazighe et nationale, Cheikh Nordine est le fondateur incontestable de la «Radio kabyle» en 1948 en Algérie. «L'objectif d'introduire la langue kabyle à la radio à l'époque, visait à soulager les souffrances des mères kabyles, qui avaient perdu leurs enfants durant la Seconde Guerre mondiale», a-t-on indiqué hier, lors d'un hommage symbolique, mais ô combien précieux rendu à un tel personnage qui a marqué l'histoire du pays à tout jamais. Ce n'est certainement pas dans une ou deux pages d'un journal que l'on peut évoquer la grandeur, l'ouverture d'esprit et son engagement pour l'identité algérienne. «Le meilleur hommage à lui rendre, c'est lorsque les gens de son village natal, à Larbaâ Nath Irathene, à Tizi Ouzou, le réhabilitent à sa juste valeur et dimension, au même titre que tous les autres hommes de valeur qu'a enfantés cette bourgade du Djurdjura, dans la Kabylie profonde», a souligné Saïd Zanoune, lors de son intervention à la soirée «Mille et Une News» du quotidien Algérie News. D'ailleurs, cette déclaration de Saïd Zanoune, auteur et caricaturiste infatigable, mérite une halte. Dans la tradition kabyle que tout le monde connaît, «dès qu'un Kabyle de valeur, voulait faire sortir les siens de l'esclavagisme et de l'oubli, ce sont les siens eux-mêmes qui le marginalisent, le mettent en quarantaine et le poussent à l'exil». Ceci dit, de nombreux illustres artistes tels les défunts Slimane Azem, Matoub Lounès et autre Lounis Aït Menguellet et tant d'autres ont dénoncé et regretté l'ingratitude, la lâcheté humaine et l'ignorance de l'échelle des valeurs dans la société kabyle. N'est-il pas temps de tourner la page et mettre en valeur les hommes qui ont le sens et la conscience du devoir envers la société? Les témoignages des intervenants à l'image de Djamila Bouguermouh, Youcef Necib, Djohar Amhis donnent à méditer. «Cheikh Nordine, en tant que fondateur de la radio kabyle, n'a pas été cité lors de la commémoration du 25e anniversaire de l'Indépendance nationale, alors que d'autres qui ont brisé l'élan du nationalisme et de l'indépendance, ont été honorés. Cheikh Nordine a été empêché d'accéder au siège de la Radio, par des agents ignorants et qui ne devraient pas être recrutés à l'accueil, qui constitue la vitrine de toute institution ou administration et on en passe. Enfin, c'est son fils qui a eu une crise cardiaque en plein jour dans l'édifice de la télévision algérienne». Comédien de talent, artiste au-dessus de la mêlée, compagnon de longue date de feu Slimane Azem, il a été derrière la réussite et le succès de nombreux artistes algériens. «Allo Tricité», dont il est l'auteur original et qui date des années 1940, dont le succès jusqu'à nos jours reste entier, ou encore, son rôle de comédien phare dans le film «Les Hors-la-loi» du célèbre réalisateur Tewfik Farès, sont quelques titres parmi tant d'autres, où le défunt Cheikh Nordine a fait la différence. Né au village Aguemoune, à Larbaâ Nath Irathene, wilaya de Tizi Ouzou, Cheikh Nordine (1918-2009) a été l'unique artiste à avoir enregistré son premier 78 tours en 1938 avec 11 chansons dans la maison d'édition Pathé Marconi à la rue Tanger à Alger. Sacré Cheikh Nordine, cette inoubliable chaîne de la chanson et du théâtre radiophonique kabyles.