Malgré l'élimination de quelque 600 terroristes entre 1992 - 2001, les maquis de Médéa connaissent depuis juin dernier des mouvements signalés çà et là. Est-ce le prélude d'une nouvelle escalade de massacres ? Aux témoignages des populations, ce qui se passe actuellement dans différents maquis de la région (déplacements incessants de terroristes, vol de bétail et céréales) montre à l'évidence que le GSPC et le GIA mettent au point deux objectifs précis : il s'agit d'abord de modifier la cartographie des zones d'influence comme le prouve le récent déplacement de l'émir Saouane (à la tête de 45 éléments ) de Derrag vers Kef Lakhdar à Aïn Boucif. Ce qui augure déjà d'une lutte sanglante entre ces deux obédiences ennemies. Ensuite «moduler» ces attentats en fonction de la configuration des nouvelles zones d'implantation. Selon une source sûre, un premier groupe d'une trentaine d'individus aurait été aperçu la semaine dernière sur les hauteurs de Ouled Deïd (daïra de Berrouaghia). Le groupe en question a probablement comme objectif de reconstituer l'axe Djouab-Rébaïa. Plus à l'Est, dans la commune d'El-Omaria, des témoignages de riverains peuplant les massifs de Madala et Sidi Salem font également état, il y a quelques jours, de mouvements suspects dans cette zone située à la lisière de Tala Acha, Ouled-Antar, Ouled Hellal, Derag et Aziz, épicentre des opérations du GSPC. Même si la situation est pour l'instant à l'approvisionnement des katibate de Saouane, l'attentat de mardi dernier commis à Teniet El-Had et qui a coûté la vie à deux policiers, renseigne sur la planification d'assassinats des forces de sécurité. Depuis quelque temps, le GSPC élabore, dit-on, une pratique entièrement nouvelle de redéploiement. On nous citera pour preuve une vingtaine de nouvelles recrues ayant rejoint le maquis de Derrag. Même si le second cercle formé par les sympathisants est difficile à débusquer à cause de l'immersion totale imposée par la clandestinité, il n'empêche, explique-t-on, que Saouane bénéficie d'alliances et de soutien grâce au deal passé avec les civils. En évoquant Ksar-El-Boukhari, les villageois expliquent que rien ne se passe ici depuis quatre années. D'autres, au contraire, diront que si la paix règne ce n'est pas parce que «les terroristes sont absents, mais ils ont besoin de refuge et de nourriture».Dans la commune de M'Fateha, des citoyens ont constaté le passage d'une quinzaine d'individus armés. Au coeur de l'hinterland montagneux de Mongorno, on parle également d'une concentration remarquée de terroristes. Même appréhension du côté de Moudjbeur où, paraît-il, l'émir Roukla, natif de cette commune, sillonne l'axe Moudjbeur - M'Fateha. Les douze rescapés GIA en errance dans la région depuis 1992 constituent, d'après des sources fiables, le noyau central autour duquel gravitent près de 80 terroristes venus d'horizons divers. A ce propos, on cite le groupe Chaâr (35 à 40 éléments) opérant entre Benchicao et Berrouaghia, celui de Kara et Bourougâa (une trentaine au total) active entre Boucherahil, Ouzera et Médéa, un groupuscule de Moudjbeur (9 ou 10 terroristes) frappant épisodiquement avec celui de Ouzera dirigé par un certain Bensalem dont un cousin, lui aussi GIA, a été abattu en 1998 au lieu-dit Oued Chlef à Ksar El Boukhari. A noter que Belabès, bras droit de l'émir Saouane, a été arrêté à l'intérieur d'une cache située dans la daïra de Aziz.