«Une femme seule et pied-noire en 1962, c'est un peu comme une Malienne sans papiers aujourd'hui» Fils du journaliste Jean-Paul Mari La télévision publique France 3 a poursuivi sa campagne de médiatisation sur l'Algérie, dans le cadre de la commémoration du 50e anniversaire de l'Indépendance. C'est entre 23h et 1 heure du matin que France 3 a décidé de programmer deux documentaires sur l'Algérie. L'Amère patrie, qui retrace le retour en France d'un million d'Européens qui ont fui l'Algérie à l'été 1962 et qui sont surnommés les pieds-noirs et le second documentaire «L'Algérie nouvelle, on y croyait» de Chloé Hunzinger, évoquant l'exode au sens inverse de 15.000 Français surnommés les «pieds-rouges» qui ont décidé d'aller en Algérie, pour justement aider le pays à se développer. Pour France 3, le choix est déjà fait en matière de marketing audiovisuel. Il fallait commencer cette soirée spécial Algérie par le documentaire L'Amère patrie. Les réalisateurs de ce bijou du révisionnisme dont Frédéric Biamonti et Marion Pillas. Pour faire valoir leur petit documentaire, les réalisateurs mettent en vedette les stars juives du cinéma et du show-biz qui sont nées à Alger, à l'image de la comédienne Marthe Villalonga, le comédien Robert Castel, l'opticien Alain Afflelou et bien sûr le chantre des pieds-noirs et des harkis Enrico Macias, ou encore le réalisateur Jean-Pierre Oualid, issu d'une des cinq plus importantes familles juives d'Espagne chassée en Algérie. Parmi les familles juives chassées d'Espagne et ayant trouvé refuge à Alger, on citera notamment les Stora, les Duran, les Seror, les Benhaim, les Oualid et les Ayache. Mêlant analyses d'historiens et témoignages d'une dizaine de pieds-noirs bien connus, L'Amère patrie voulait surtout attirer l'attention sur le rejet français d'une communauté. Aucune critique contre le gouvernement français de l'époque, seulement des regrets d'avoir été chassés d'Algérie. Le documentaire se termine sur des images d'archives en super 8 projeté à des témoins connus de cette production. Bien sûr, le documentaire qui a suivi ce film, avait un autre sens et une vision tout autre, celle des Français acceptés par l'Algérie. Il démonte en brèche, toute la thèse que les pieds-noirs ont défendue sur les Algériens, celle de haïr les Français. Au contraire, en mars 1962, les Accords d'Evian mettent fin à huit années de guerre de décolonisation entre la France et l'Algérie, des dizaines de milliers d'Européens, surnommés les pieds-rouges, en raison de leur opinion politique: anticolonialistes, communistes, militants internationalistes ou tiers-mondistes et qui souhaitaient aider à reconstruire l'Algérie. Cette catégorie-là était la bienvenue en Algérie et était même très bien encadrée, à l'image de ce militaire qui se baladait en tenue à La Casbah, quelques mois seulement après la fin de la Guerre d'Algérie. La réalisatrice, Chloé Hunzinger, a choisi un enseignant, un ingénieur et un médecin pour parler de cette période méconnue par notre génération. Une période marquée par la soif des Algériens pour le savoir, le pouvoir et le devoir. Un documentaire inédit qui montrait pour la première fois les manifestations anti-Boumediene à Alger. «L'Algérie nouvelle, on y croyait» de Chloé Hunzinger, est surtout un documentaire émouvant, sincère, sans détour et surtout audacieux dans une France qui, par son action audiovisuelle et médiatique, affiche son ambition coloniale. [email protected]