L'initiative d'un congrès de refondation est loin de susciter l'engouement des militants du parti. Une déclaration «pour un parti rassembleur et démocratique» rendue publique et datée du 30 octobre dernier désigne l'ancien ministre de la Santé et ancien membre du comité central, Abderrazak Bouhara, comme la troisième voie susceptible d'éviter au parti majoritaire l'implosion. Le contenu de cette déclaration se veut, selon les rédacteurs, être les conclusions de différentes discussions organisées ou tenues de manière impromptue entre militants du Parti ayant décidé d'ignorer toutes les cloisons artificielles qui ont été établies dans le but de les séparer. Dans ce réquisitoire aucun des deux protagonistes n'est épargné. Même si cette initiative se fonde sur une critique détaillée de l'état du parti, de son fonctionnement et de ses rapports tant au pouvoir qu'aux citoyens, il n'en demeure pas moins, et a contrario des redresseurs, qu'elle s'assigne le droit d'empêcher quiconque et notamment l'actuel secrétaire général du FLN de briguer la candidature à la présidentielle. L'objectif recherché dans cette démarche selon les initiateurs consiste «dans l'immédiat à exploiter de manière positive la crise actuelle». Dans cette déclaration, Abderrezak Bouhara interpelle autant l'actuelle direction du FLN que la coordination du mouvement de redressement à «se hisser au niveau des hautes responsabilités que leur impose la gravité de la situation dans laquelle se trouve le parti». Pour les signataires du document, la crise du parti n'est pas née du controversé 8e congrès mais bien au-delà puisque «le 7e congrès, il faut bien le rappeler n'a pas adopté la liste des membres de son comité central et n'a pas tenu la séance de clôture de ses travaux», rappelle la déclaration. Revenant sur le mode de fonctionnement du parti, celui qui n'avait jamais partagé la moindre idée avec l'ancien secrétaire général, Boualem Benhamouda et qui soutient actuellement Ali Benflis, avant de quitter le comité central du parti «depuis quelques années, la direction du FLN ne cesse de s'enliser dans des pratiques d'exclusion arbitraire, de clanisme outrancier et de corporatisme sectaire». Poussant plus son analyse Bouhara affirme «le débat politique, principale raison d'être des instances du Parti, est devenu le grand absent». S'en prenant directement à Ali Benflis, Bouhara n'hésite pas à accuser que sous le couvert d'une idée, qu'il reconnaît juste, à savoir, la modernisation du parti «les règles élémentaires de démocratie ont été bafouées et des pratiques conservatrices et rétrogrades ont été instaurées». C'est dans ce climat de contestation et dans cet état organique que se sont effectués les travaux de préparation et le déroulement du 8e congrès ayant plébiscité Ali Benflis à la tête du Parti, et dont la candidature à la prochaine présidentielle a été confirmée par le dernier congrès extraordinaire, selon les signataires du document. Si ces critiques acerbes envers l'actuelle direction peuvent conforter les animateurs du mouvement de redressement dans leur action, ils n'en restent pas moins la cible du concepteur de la troisième voie. Le procès de l'électoralisme n'est d'évidence pas seulement intenté au seul Ali Benflis et la justesse soulignée du principe de l'autonomie vis-à-vis du pouvoir disqualifie aussi l'entreprise des redresseurs. C'est dans ce sens que les initiateurs de cette déclaration appellent à un congrès rassembleur et démocratique. Une appel que Benflis rejette pour la simple raison que de crise au FLN, il n'y en a point.