Belabbès Bouazza a effectué des travaux pour l'APC depuis 2003, il court derrière le vent! Voilà un entrepreneur de nettoyage public planqué à Chbacheb (Rouiba), qui est appelé par l'APC de Khemis El Khechna en vue de procéder proprement au ramassage des détritus et gravats qui défigurent la région. Le marché est conclu. Nous sommes en 2003, Belabbès Bouazza, l'entrepreneur, qui a fait son boulot depuis 2003, est ce dimanche face à Yasmine Ouezaâ, le jeune juge de Rouiba (cour de Boumerdès). Il est inculpé de faux, fait prévu et puni par l'article 222 du Code pénal. Flanqué de son conseil, Maître Mohammed Aïchouch de Ouled Yaïch (Blida), venu très tôt dans Rouiba la verte, Bouazza a beaucoup de mal à tenir debout. Vu de profil, l'inculpé à l'étrange ressemblance avec Karim Tabbou, l'enfant terrible du FFS, répond sans paniquer au tribunal devant un Med Riad Belaraoui, le procureur vigilant, jusqu'à ne pas battre des cils, de crainte de perdre en cours de route un ou des mots-clés de l'interrogatoire, qui lui serviront à bâtir son réquisitoire. Celui-ci ne sera pas ni long ni fastidieux, quarante minutes plus tard juste avant que Maître Med Aïchouch ne plaide la cause dans une construction bien menée allant des faits aux attendus «ridicules» et «humiliants» pondus par le juge d'instruction qui a laissé apparaître une agaçante impuissance à gérer un tel dossier si élémentaire qu'il est allé s'égarer dans les dédales (encore une fois) du ridicule, du superflu et du ratage. D'ailleurs, Maître Lamine Cherifi, l'avocat de la partie civile avait articulé en direction du juge des demandes que nous ne saurions vous reproduire car l'avocat était beaucoup plus loin de l'assistance parmi laquelle nous avions pris place et le juge assis à moins de deux mètres du jovial avocat. Probablement, la préservation des droits de l'APC... Et si Ouezaâ a longtemps posé beaucoup de questions poussant certains curieux présents dans la salle à déplorer que le président n'ait pas bien étudié le dossier, c'est qu'en magistrat averti, il a voulu avoir le plus grand nombre d'explications de la bouche même de l'entrepreneur concerné par son bien qu'il est venu réclamer tout en se défendant d'un délit qui, pratiquement n'existe pas. «Monsieur le président, vous avez dû certainement en feuilletant ce dossier, constaté que le corps du délit n'existe pas!» s'est écrié l'avocat de Bouazza. Ce dernier avait aussi tenu à préciser qu'au départ, l'APC avait sorti de son «chapeau-pochette-surprises» une histoire d'un cachet-rond contrefait. «Mais qu'elle ne fut ma surprise et ma déception de me voir signifier le délit de faux par le juge d'instruction dont la décision a beaucoup influé sur mon moral et mon physique.» L'inculpé était très triste et à plusieurs reprises Bouazza a eu cette ahurissante exclamation: «On m'a fait courir dans tous les sens, autour des quatre points cardinaux qui m'ont fait vivre la géhenne. J'ai contracté plusieurs graves maladies dont la tension artérielle et l'épilepsie - on m'a refusé mon bien. Pire, l'APC n'a jamais répondu aux multiples convocations de la justice. De quoi avoir le tournis et le typhus!» a marmonné l'inculpé qui ne comprendra même pas les cinq phrases ruminées par le procureur qui a réclamé une peine de prison ferme et une amende. Bouazza dont la face franchement noire, avait viré au...marron foncé, fit une grimace, les mains toujours derrière le dos, comme pour faire une prière... Maître Mohammed Aïchouche l'avocat de Bouazza ne connaissait pas le juge du jour. Méfiant, il retrousse les manches de sa robe, s'avance vers le pupitre et commence sa plaidoirie par des réserves émises autour de la manière dont a été menée l'instruction. Puis avant d'aborder le décès de l'expert qui détenait les documents en son cabinet, un cabinet qui pouvait être rouvert sur ordre du juge d'instruction en vue de ramener les vingt-trois factures manquantes au décompte. Le défenseur de Belabbès Bouaza a rappelé que son client avait effectué une oeuvre hors-pair à telle enseigne qu'il a fait l'objet d'une remise sans histoire du «service fait». Et un service fait reconnu par écrit doit être honoré. Et Maître Aïchouche de poursuivre: «Nous ne voulons pas entrer dans les détails de ce dossier où par mal d'anomalies débitées par mon client, n'ont pas été suivies» Pour l'avocat, Bouazza a bossé avec une institution: l'APC de Khemis El Khechna et pas avec des individus. «Bouazza n'a pas triché! Il a fait un travail pour lequel il doit être régularisé! Et pour ce faire nous réclamons la relaxe et la restitution des factures et le paiement des quatre milliards, trois cent millions de centimes, fruit de cinq années de dur labeur. En guise de dernier mot, Bouazza demande la liberté, son fric et ses papiers. Sur ce, Yasmine Ouezaâ, le président qui aura suivi sans faille les débats de bout en bout donne rendez-vous à Bouazza dimanche 7 octrobre 2012 pour prendre acte du verdict.