La Centrale syndicale ne peut cautionner la démarche du gouvernement les yeux fermés. «Les accords avec l'OMC ne seront qu'une catastrophe de plus pour l'économie nationale», a affirmé, hier, Mohamed Lakhdar Bedreddine, secrétaire national, chargé des études et des affaires économiques lors d'une rencontre-débat organisée au siège de la Maison du peuple par l'Ugta en collaboration avec la fondation Friedrich Ebert Stiftung (FES). Au cours de cette rencontre il a été question justement des négociations de l'Algérie avec l'OMC et du dernier round de Cancun (Mexique) qui a été sanctionné par un échec. A l'égard du processus d'adhésion de l'Algérie à l'OMC actuellement en cours et dont les négociations se déroulent dans cette phase pour la partie algérienne, sous l'égide du ministère du Commerce, la centrale syndicale a émis plusieurs remarques. Dans ce contexte, l'Ugta a saisi cette occasion pour fustiger les pouvoirs publics de vouloir «décider unilatéralement de toutes sortes de mesures sans consultation aucune et de procéder dans les mêmes formes à leur démantèlement sans études d'impact préalables. En somme, c'est toujours la pratique des sauts dans l'inconnu» dans un document élaboré, sur demande du gouvernement selon la centrale syndicale. Une affirmation dénuée de tout fondement du fait que le ministre du Commerce a toujours soutenu qu'il avait à plusieurs reprises tenu des séances de travail avec les opérateurs économiques et les syndicats. Maintenant que les négociations sont entamées, la centrale syndicale se pose la question: «Comment aborder, maintenant, les négociations dans l'intérêt de l'Algérie d'autant qu'on nous interdit une politique énergétique propre», a, en outre, clamé Bedreddine au cours de son intervention. Un argument défendu par le Dr Erfied Adam, chef de la délégation de la fondation FES à Cancun. «Comment sera réglé le problème des prix du gaz et du pétrole que l'Algérie et la Russie ont soulevé d'autant plus que l'Arabie Saoudite a engagé des négociations dans le but d'adhérer à l'OMC?» Concernant la suppression des taxes douanières imposées par l'adhésion à l'OMC, l'Ugta s'y oppose catégoriquement du fait que les négociations avec l'OMC se font sur la base d'une protection tarifaire anormalement affaiblie. Pour illustrer ses dires, la centrale rappelle que durant la période d'ajustement structurel convenue avec le FMI (1995-1998) le taux maximal en droits de douane a été ramené de 120% à 45 % avec une réduction substantielle du niveau général de l'armement tarifaire algérien. Un avis partagé par M.Adam qui affirme que «beaucoup de pays ont refusé de discuter sur l'investissement à Cancun car n'ayant pas les capacités du fait qu'ils comptent sur les recettes douanières pour alimenter leur fonds de développement». Ce dernier a tenté, au cours de son intervention, d'expliquer les raisons de l'échec de la conférence ministérielle de l'OMC à Cancun relevant aussi bien du fond que du technique du fait qu'il est difficile de gérer des négociations entre 148 pays membres de l'OMC. Parmi les conséquences de l'échec de la conférence des ministres de Cancun, on peut citer la tentative de signature d'accords bilatéraux et régionaux par certains pays pour intégrer la mondialisation. Pour y remédier, il est impératif que les pays dits faibles économiquement deviennent des membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et non pas du conseil de l'économie, a suggéré M.Adam en conclusion.