Il a été soigné pour diverses maladies durant son long séjour à la prison militaire. L'ancien dirigeant du FIS, Ali Benhadj est admis aujourd'hui même dans un hôpital algérois afin d'y subir de nouveaux tests et faire un scanner qui établira avec exactitude de quoi il souffre depuis bientôt vingt jours. Ali Benhadj qui vient de quitter les hôpitaux de Ben Omar, à Kouba, puis celui de Mohand Amokrane, une clinique privée à Chevalley, n'a pas encore repris ses capacités physiques. Hier encore, après quatre jours passés dans les hôpitaux d'Alger, il souffrait encore de vertige et s'évanouissait à chaque fois qu'il tentait de se remettre debout. Selon un de ses médecins, «les divers tests effectués n'ont pas encore déterminé l'origine de ces évanouissements, et il faudrait plus de temps pour en déterminer la cause», La famille de Benhadj de son côté, affirme que celui-ci «présentait une diarrhée depuis une quinzaine de jours déjà», et que sa présence, sous une forte pluie et un climat glacial, à l'enterrement de cheikh Sahnoun, avait accentué ses crises. «Une brusque poussée de fièvre s'était déclarée et le cheikh commençait à faire ses crises d'évanouissement.» De santé fragile, cet imam à la silhouette frêle a passé douze années à la prison militaire de Blida, avant de la quitter fin juin 2003. Depuis, et même privé de ses droits civiques, il multiplie les visites chez les hommes forts de l'ancienne mouvance islamiste et reçoit chaque jour, plusieurs autres chez lui, à la cité des enseignants de haï El-Badr, où il réside avec sa famille depuis près d'une vingtaine d'années. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, sa famille interpelle les autorités militaires et demande que son dossier médical leur soit transmis afin qu'elle puisse le donner aux médecins civils qui le traitent aujourd'hui. Benhadj a été soigné pour diverses maladies durant son long séjour à la prison militaire de Blida, et plusieurs médecins ont veillé, dans l'enceinte militaire même, à la santé du cheikh, considéré comme la seule et dernière autorité de l'islamisme radical en Algérie. Ce dossier relève aujourd'hui des «secrets-défense» et ne peut être remis facilement à sa famille qui se contente de demander juste «de quoi il a été malade et de quoi on le soignait». Selon son jeune frère, «ce sont les séquelles d'une longue et pénible détention qui apparaissent aujourd'hui et l'autorité militaire peut orienter les médecins en ouvrant le dossier médical du cheikh ou en permettant à sa famille d'en prendre une copie». Agé de 47 ans, l'ex-tribun de la jeunesse islamiste semble arrivé au bout de ses forces physiques, après près de 23 ans au coeur même de la revendication religieuse au nom de l'islam. Soumis à des restrictions politiques draconiennes, acculé par le «tout sécuritaire» à s'effacer peu à peu du quotidien, Benhadj vit très mal ces mesures qui tendent à l'exclure définitivement de la mémoire même des jeunes.