L'Italie se prépare à des élections anticipées après deux coups de théâtre samedi: l'annonce par Silvio Berlusconi qu'il sera candidat pour gouverner à nouveau le pays, et celle de son successeur Mario Monti, de son imminente démission. La crise politique, qui couvait depuis plusieurs jours, s'est accélérée en une journée. A l'issue d'une rencontre d'urgence samedi avec le président Giorgio Napolitano, M.Monti a indiqué sa décision «irrévocable» de jeter l'éponge après le vote du budget prévu d'ici la fin de l'année. «J'ai mûri la conviction qu'on ne pouvait pas continuer à aller ainsi de l'avant», a-t-il confié au quotidien Corriere della Sera. M. Monti a précisé avoir tenu à faire cette annonce samedi, alors que les marchés sont fermés, pour ne pas y créer de réactions intempestives. Selon ce journal, le chef du gouvernement a été particulièrement «indigné» par les déclarations du secrétaire général du PDL (parti de Berlusconi, Peuple de la liberté) Angelino Alfano, vendredi, lorsque ce parti avait décidé de ne pas voter un texte s'attaquant aux coûts de la politique. Il avait perçu l'attitude du PDL comme une trahison. Si la démission de l'ancien commissaire européen intervient d'ici fin décembre, les Italiens pourraient voter fin février ou début mars. Un délai de 45 à 70 jours est prévu entre la dissolution des chambres et un nouveau scrutin. M.Berlusconi, 76 ans, qui se présente pour la sixième fois, a annoncé samedi qu'il allait consulter les dirigeants du PDL. Il a pris des contacts dans le monde du sport, de l'université, de l'économie, pour faire «surgir des visages nouveaux». Il doit aussi renouer les contacts avec son ancien allié, la Ligue du Nord (populiste) qui ne l'avait pas suivi il y a un an dans son soutien au gouvernement Monti. Le Cavaliere devrait axer sa campagne sur les impôts trop lourds qui grèvent les budgets des classes moyennes, l'absence de croissance, et adopter un ton critique à l'encontre d'une Europe qu'il décrit volontiers comme soumise aux bonnes volontés de l'Allemagne. Le pari de Berlusconi est tout sauf gagné: le PDL, qui a annoncé vouloir voter le budget, est en pleine contradiction et est au bord de la scission entre modérés et aile droite. Un récent sondage le créditait de moins de 14% (13,8%) au prochain scrutin national. La presse italienne était très inquiète et généralement sévère avec le «coup» de Berlusconi, qui se représente à 76 ans, alors qu'il a plusieurs procès et condamnations sur le dos: «Un geste qui révèle les chantages du Cavaliere», titrait le directeur de La Repubblica, Eugenio Scalfari.