La rencontre au sommet d'hier avait tout du style d'un Ouyahia discret et hermétique. Ce que n'a pu gérer Benflis est finalement pris en main par Ouyahia qui a reçu au siège de son département onze délégués du mouvement citoyen de Kabylie. La rencontre au sommet d'hier avait tout du style d'un Ouyahia discret et hermétique à toute indiscrétion susceptible de réduire l'aura d'un rendez-vous que d'aucuns ont signalé dès son annonce comme hautement important, voire décisif pour toute une région, sinon toute une nation, qui vit un malaise depuis trois ans. Depuis le fameux Printemps noir qui a marqué au sang toute la Kabylie, y faisant une centaine de morts et des milliers de blessés. Les tentatives jusque-là avortées et qui n'ont finalement pas pu concrétiser les attentes en matière de règlement des retombées ou ce qui est appelé «les incidences» ont été le fait de manoeuvres intentionnées ou non qui ont ainsi «torpillé» les espoirs d'une mise en oeuvre sérieuse du fameux plan de relance économique consenti pour la Kabylie, indissociable par ailleurs de la satisfaction de préalables au demeurant légitimes posés par les leaders du mouvement citoyen lequel n'a donc pas manqué de poser sur la table des négociations, à en croire nos sources, comme conditions préalables avant d'engager tout pourparler : l'arrêt des poursuites judiciaires, la libération des détenus du Printemps noir, la dissolution des mairies issues des élections d'octobre 2002 et une amnistie fiscale pour les commerçants, mais surtout la suppression de la facture Sonelgaz (de consommation électrique) estimée à quelque 26 milliards de centimes. Outre la discussion des mécanismes à même de permettre la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur, englobant la reconnaissance de l'identité amazighe et son enseignement à l'école. Une revendication au demeurant constitutionnalisée par l'actuel chef de l'Etat. En effet, et toujours selon des révélations vérifiées, Bouteflika, débarrassé de son staff gouvernemental de 1999, met tout en oeuvre pour assainir une situation qui n'a que trop duré. Ainsi, nous apprenons que lors de la rencontre qui vient de se tenir à Alger, rien n'a été laissé au hasard afin d'éviter à cet énième dialogue de capoter. Il aurait même instruit son chef de l'Exécutif et non moins ex-ministre de la Justice, de «lâcher du lest» et de ne pas trop faire la fine bouche devant les revendications exprimées par le mouvement citoyen. L'on apprend même que le pouvoir aurait affiché une nette attitude conciliante quant à l'indemnisation des victimes et la satisfaction de l'exemption de payement de la facture énergétique tout en donnant ses garanties pour un projet de relance économique urgent, cohérent et nécessaire, même si le seul écueil résidait jusqu'à hier dans la question de la libération des détenus du mouvement. Une question à l'origine de bien des discordances au sein du même mouvement revendicatif puisque ayant mené à des dissidences et autres louvoiements au fur et à mesure qu'évoluait la crise dans un environnement peu certain, du moins jusqu'à l'avènement du gouvernement Ouyahia, lequel aurait réussi finalement à créer une symbiose entre la volonté du président et celle des animateurs du mouvement citoyen. En recevant sur un tapis rouge la délégation des archs, le pouvoir ne fait finalement qu'exprimer sa volonté d'en finir avec un conflit qui n'a que trop duré. Avec l'ouverture des uns et des autres au dialogue, c'est une réelle chance qui s'offre à la nation de sortir grandie de cette épreuve.