Un véritable tir de barrage est à prévoir de la part de l'Ugta dans les tout prochains jours. La sortie de Chakib Khelil, assimilée à une véritable «provocation», à quelques jours à peine de la bipartite, n'a pas eu l'effet attendu de la part de l'Ugta. Joint hier par téléphone, Mohamed Salah Badreddine, secrétaire général de l'Ugta et secrétaire national en charge des affaires économiques, nous a clairement signifié que «nous ne nous sentons pas obligés de réagir à chaque fois que ce ministre fait des déclarations». Il n'en a pas moins précisé que «la Centrale maintient le cap dans son refus catégorique de ce texte de loi rétrograde et portant gravement atteinte à l'économie nationale ainsi qu'à Sonatrach». Badreddine, à la tête de la puissante fédération que compte l'Ugta, s'exprime avec cet air que procure toujours la force tranquille. «Pour nous ce texte n'a toujours pas été déposé, et ne le sera sans doute pas. Alors nous ne voyons vraiment pas où peut se situer le problème.» Toujours est-il que la mobilisation, qui en est à son maximum en prévision de la rentrée sociale et du dialogue qui va avec, permet de dire que rien ne pourra se faire sans ce syndicat qui continue de revendiquer fièrement pas moins de quatre millions de personnes, entre sympathisants et militants. C'est, du reste, la raison pour laquelle M. Badreddine dira en guise de conclusion que «nous réagirons en temps opportun». Les secrétaires nationaux que nous avons également réussi à joindre se sont tous refusé à faire le moindre commentaire, non par réserve, étant tous foncièrement contre ce texte de loi, mais simplement parce que la dernière réunion du secrétariat national, qui avait eu lieu depuis une dizaine de jours à la Maison du peuple, avait précisé que le seul porte-parole de la Centrale syndicale sera son secrétaire général, Abdelmadjid Sidi-Saïd. Ce dernier, injoignable hier, avait déjà eu à souligner finement que son seul vis-à-vis était le chef du gouvernement. La volonté de court-circuiter le ministre de l'Energie et des Mines, connu pourtant pour être un proche de Bouteflika, ne peut échapper à personne. Cela paraît d'autant plus plausible que la même méthode avait été utilisée pour un autre homme de confiance du président, Hamid Temmar, responsable du puissant mais défunt ministère des Participations, contraint par la non moins puissante Ugta à quitter ce poste et en prendre un autre, plus anonyme, de conseiller au niveau du Palais d'El-Mouradia. Pour revenir au texte lui-même, il ne fait aucun doute que celui-ci sera d'une manière ou d'une autre remis sur le tapis puisqu'il s'agit d'une condition émise, pour ne pas dire édictée, par les grandes firmes pétrolières, mais aussi par les institutions financières internationales. L'Algérie, dans l'état actuel des choses, cherchant coûte que coûte à augmenter sa production en faisant appel au partenariat étranger, ne peut que s'y soumettre, non sans faire quelques concessions à son principal partenaire social, lequel avait déjà bloqué le pays pendant deux jours, il y a de cela deux années à cause de ce même texte. Des amendements de taille y seront donc introduits, même si cela n'est guère du goût de Chakib Khelil, espérant, du fond de son isolement tant politique que dogmatique, que les propositions d'amendements ne viendraient que de l'APN. Un véritable tir de barrage de la part de la Centrale est attendu dans les tout prochains jours. L'on croit savoir même que la Centrale pèsera de tout son poids dans le but d'inclure cette question, ne serait-ce que sommairement, à l'ordre du jour de la prochaine bipartite. Elle en veut pour argument massue le fait que les orientations que préconise cette loi entrent bel et bien dans le second point de la rencontre Ouyahia-Sidi Saïd relatif aux orientations économiques concernant le secteur public. Encore une polémique et un bras de fer à l'horizon...