Didier Drogba quitte la scène africaine sans décrocher la CAN Les Eléphants, titrés une seule fois (1992), perdent encore une occasion de consacrer leur fameuse «génération dorée». Et un nouveau coup de tonnerre dans cette CAN 2013, avec la sortie du grand favori dès les quarts de finale: la Côte d'Ivoire de Drogba s'est fait piéger avant-hier par le Nigeria (2-1), qui affrontera le Mali demain en demi-finale de l'épreuve. Dans le dernier quart, le Burkina Faso a battu le Togo, 1-0 après prolongations. Drogba est-il maudit? A près de 35 ans, le capitaine vedette des Eléphants n'a toujours pas touché le trophée continental après l'avoir caressé du regard (finales perdues aux tirs au but en 2006 et 2012). Et c'est peut-être une page du football africain qui s'est tournée dimanche à Rustenburg, puisque le buteur avait prévenu que la CAN sud-africaine serait sans doute sa dernière. La Côte d'Ivoire, titrée une seule fois (1992), perd encore une occasion de consacrer sa fameuse «génération dorée», et le camouflet est plus vertigineux que l'année dernière, lorsqu'elle ne s'était inclinée qu'aux tirs au but au terme d'un parcours ponctué de matches sans encaisser le moindre but. La faute à des Nigérians qui, de leur côté, ont joué le coup parfait. Les Super Eagles ont eu ce coup de pouce qui fait la différence: la mauvaise lecture par Barry de la trajectoire du coup franc d'Emenike (43e), premier but nigérian suivi d'un autre signé Mba dont la frappe contrée se logeait dans la lucarne du malheureux portier ivoirien (78e). Les Eléphants, maîtres de l'entre jeu autour de Yaya Touré et des travailleurs Romaric et Tioté, pourront regretter leur manque de tranchant. Gervinho, foudroyant lors du premier tour, est demeuré spectral, et Kalou pas tellement plus consistant. Sabri Lamouchi avait misé sur l'orgueil de Drogba, qui avait raté son premier tour, en le titularisant dimanche, le seul changement par rapport au onze aligné contre la Tunisie (3-0), match-référence ivoirien dans cette CAN. Le capitaine s'est battu et n'a pas rechigné dans le pressing, mais il ne s'est créé aucune occasion. Tout juste est-il à créditer de la passe décisive pour l'égalisation de Tioté, après avoir obtenu et tiré le coup franc trouvant la tête du milieu (50e). Sans doute trop peu, sans doute trop court. L'idole ivoirienne n'a pas su dérider la partie dès la première période, engoncée dans la pression de ce classique entre le roi des podiums (13 en 16 participations nigérianes passées) et le roi des favoris, et dont le perdant s'attendait à essuyer un orage populaire une fois de retour à la maison. Si bien que la première période manquait singulièrement de prise de risque et d'influx, tout juste éclairée par la percée d'Ideye gâchée par le tir dévissé d'Emenike (27e). Le ballon brûlait aux pieds d'Eléphants patauds dans la surface adverse. Il fallut le coup de tonnerre d'Emenike peu avant la pause pour répondre aux éclairs zébrant le ciel par-delà les montagnes et enfin instiller de l'électricité sur le terrain. Le match était enfin branché sur courant continu. Mais ce sont les Super Eagles, plus réalistes, qui ont raflé la mise. Dans le dernier quart de finale, un but de Pitroipa en prolongation face au Togo (1-0 a.p.) a envoyé le Burkina Faso en demi-finale pour la deuxième fois de son histoire, dimanche à Nelspruit, les Etalons affrontant le Ghana, mercredi, pour une place en finale. Le deuxième but dans le tournoi du Rennais est sans doute le plus important de sa carrière. Quinze ans après leur unique participation à un dernier carré dans une Coupe d'Afrique, les Etalons sont parvenus à rééditer cet exploit et à terrasser le Togo d'Adebayor sur un coup de tête de leur attaquant vedette (105e). Naguère abonnés aux rôles de cancres dans l'épreuve reine du continent, le Burkina Faso et sa «légion française» (Pitroipa, Kaboré, Alain Traoré, Bakary Koné, Djakaridja Koné) se sont métamorphosés cette année sous la houlette de leur sélectionneur belge Paul Put. L'aventure se termine en revanche de façon cruelle pour le Togo, qui aura atteint pour la première fois les quarts de finale, trois ans après la tragique fusillade de Cabinda.