Les essais nucléaires de Reggane ont provoqué un véritable désastre sur les plans humain et écologique. Selon les scientifiques, il faudra attendre des milliers d'années pour que les radiations disparaissent complètement de la zone affectée. Plus d'un demi-siècle après, les victimes de la tragédie provoquée par l'explosion de la première bombe nucléaire française à Reggane, crient toujours leur colère, en exigeant de l'ancienne puissance coloniale des dédommagements à la hauteur des crimes qu'elle a commis. Intervenant à l'occasion du forum du quotidien arabophone Echaâb, consacré, hier, à cet événement dramatique, le président de l'association Amal, Amar Mansouri est revenu sur l'opération Gerboise bleue, la qualifiant de «tragédie d'une dimension internationale.» Soulignant que c'est grâce à l'Algérie que la France a pu se doter de l'arme nucléaire, l'orateur a estimé à 57 au total, le nombre d'essais qu'elle a effectués à Reggane et In Ekker entre 1960 et 1966. Selon lui, la France ne s'est, à aucun moment soucié du sort des populations locales, bien au contraire, confie-t-il, elle les a utilisées comme cobayes et refuse de reconnaître ses crimes et de dédommager les victimes. «35.00 Algériens ont été acheminés vers les sites et ont été exposés aux radiations avant, pendant et après les essais nucléaires souterrains.» Citant l'exemple de cet ancien militaire qui avait été affecté durant de nombreuses années à Hamoudia, M.Mansouri a indiqué que ce dernier ainsi que les membres de sa famille avaient tous été contaminés. «Mohamed Bendjebar a été exposé aux radiations qui ont eu, malheureusement, raison de lui.» Le président de l'association du 13 Février 1960, a affirmé, pour sa part, que «les essais nucléaires effectués par la France coloniale dans la zone de Hamoudia constituent un double crime contre l'humanité et l'environnement.» Se disant horrifié par cette tragédie qui a endeuillé l'Algérie à la veille de son indépendance, Hameul Sid Ameur l'a qualifiée de «crime abominable perpétré dans les confins du Sahara algérien», ajoutant que «c'est une preuve historique encore vivace de l'atrocité des crimes de la France coloniale contre des populations algériennes innocentes.» S'exprimant à l'occasion de la commémoration du 53e anniversaire de cette tragédie, le président de l'association des vétérans des essais nucléaires, Jean-Luc Sans, dans une déclaration à l'APS, a évoqué, quant à lui, la loi Morin qui doit être impérativement modifiée, souligne- t-il. «La demande de modification de la loi Morin, si elle n'est pas totalement d'actualité pour le gouvernement français, elle le demeure aux yeux de l'association et des parlementaires.» Se voulant plus précis, il a indiqué qu'une première réunion a eu lieu entre son association et des parlementaires le 20 octobre dernier, suivie d'une deuxième, le 6 février, en vue principalement de modifier la méthode mise en place par le comité d'indemnisation des victimes des essais nucléaires.» Lançant un appel aux Algériens afin qu'ils se joignent à leur action, le président de l'association a annoncé qu'une pétition sera lancée au cours de la dernière semaine de février. Au motif que les pathologies déclarées ne rentraient pas dans le cadre de la loi Morin, 32 dossiers algériens de reconnaissance et d'indemnisation des victimes des essais nucléaires français dans le Sahara avaient été rejetés en décembre dernier par la commission ad-hoc mise sur pied à la faveur de cette loi.