«L'aveuglement du président-candidat est arrivé jusqu'à enlever un directeur de journal à l'intérieur même de son bureau (Ahmed Fattani directeur de L'Expression Ndlr )». Pendant plus deux heures, le secrétaire général du FLN a subjugué l'assistance du haut de son pupitre. Réunis, jeudi dernier à la Kasma de Bourouba ( El Harrach ), les militants et élus de la wilaya d'Alger ont eu droit à un discours d'une rare virulence à l'endroit du «président-candidat». D'entrée de jeu Benflis a averti contre un éventuel détournement de la volonté populaire à l'occasion de la future présidentielle et l'atteinte à son parti «par ce qui est en train de se préparer». Benflis n'a pas caché sa menace: «Les militants prendront les dispositions qu'il faut pour défendre le parti.» Le rendez-vous de jeudi, est intervenu dans un contexte particulier «puisque le président-candidat n'a pas digéré le fait que le parti du FLN a décidé de se libérer de toute tutelle» a déclaré Benflis avant de défier carrément Bouteflika: «venez devant la télévision dire aux Algériens comment vous avez remercié un parti qui vous a placé sur le fauteuil», «la politique de la peur utilisez, la avec les peureux». Retraçant les différents épisodes du complot monté contre son parti et qui dure depuis dix mois, il affirme qu'on est arrivé maintenant au troisième acte de cette pièce de bas étage, le futur congrès des redresseurs. «Après les attaques contre les kasmas et les mouhafadhas, le scandale judiciaire, on assiste maintenant à un putsch par l'organisation d'une réunion illégale.» Pour lui le cerveau et l'instigateur de ce putsch est Bouteflika qui, «aveuglé par le pouvoir est parvenu jusqu'à enlever un directeur d'un journal à l'intérieur même de son bureau (Ahmed Fattani directeur de L'Expression Ndlr )». «il ne s'agit pas d'un discours de campagne, car en ce moment nous avons des révélations à faire et elles vont vous étonner» a-t-il renchéri. En marge de cette rencontre, Benflis a organisé un point de presse assisté par M.M.Benfreha et Abada qui ont eu à présider respectivement les 7e et 8e congrès. Une plainte pour l'invalidation du congrès des redresseurs n'a pas été écartée par Benflis de même que la réédition du scénario de 1999 où les six candidats s'étaient retirés la veille du scrutin. Au sujet de l'armée et de son rôle dans la future élection, il répondra: «La déclaration du général Lamari est en concordance avec la Constitution. Nous ne demandons pas à l'institution militaire d'être une partie du conflit mais quand la situation s'aggrave et va vers la dérive, il s'agit de sauver l'Algérie et c'est le premier rôle de l'armée. Dans ce sens, explique-t-il, il faut dire que la neutralité est plutôt recommandée aux autres institutions pour que les choses ne dégénèrent pas.» Le secrétaire général du FLN a fait savoir en outre, que les ministres des Finances et des Postes et des Technologies de l'Information ont ordonné le blocage des comptes courants postaux du parti, privant ainsi les permanents de percevoir leur traitement de façon normale. Et ce, avant que la décision judiciaire ne soit notifiée par les voies légales. D'autre part, il a relevé que la décision de la chambre administrative de la cour d'Alger n'est pas définitive, car susceptible d'appel devant le Conseil d'Etat, «ce qui induit le fait que nous ne sommes pas, présentement, dans la situation issue du 7e congrès du parti», Mais malgré cela, la rencontre de jeudi a été l'occasion pour Benflis de prouver devant l'opinion publique que la majorité écrasante des membres du comité central issus des 7e et 8e congrès lui sont toujours solidaires. Preuve en est,164 membres du comité central issus du 7e congrès, ce qui représente plus des deux tiers, ont réaffirmé leur soutien et mandaté le SG. Les formulaires d'engagement ont été authentifiés par un huissier de justice. «Par cette initiative, les membres du comité central signataires dénient à quiconque le droit de parler, de représenter, d'agir ou d'engager le parti en dehors de son secrétaire général élu par ce même comité central en date du 20 septembre 2001.» Il convient de rappeler que les statuts du 7e congrès stipulent que la prérogative de convoquer le congrès est du ressort exclusif du SG, à son initiative personnelle ou à la demande des deux tiers du comité central. De ce fait, Benflis considère «la tentative d'organiser une réunion illégale, hors la loi et non identifiée politiquement en se servant abusivement des symboles du FLN, est nulle et non avenue et s'apparente à un coup de force et à une forme d'usurpation et de supercherie politique». Indiquant que l'objectif est de «soumettre le parti du FLN au diktat et aux appétits de pouvoir du président-candidat à travers l'organisation d'un pseudo-congrès illégal supervisé par le président en personne et qui sera ponctué par un véritable «putsch» contre la direction légitime du parti». Le secrétaire général du FLN a fait endosser «l'entière responsabilité au président-candidat des conséquences qui résulteront du complot inédit dans les annales de la pratique politique dans notre pays» avant de lancer un appel solennel aux militants du parti ainsi qu'aux Algériens «pour qu'ils fassent front contre cette agression et qu'ils expriment leur refus de ces agissements qui plongent l'Algérie dans les méandres du doute et de l'incertitude».