Après la réunion tripartite de lundi, les Nations-unies demandent d'autres informations avant de se prononcer. Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, ne rejette pas les sollicitations de la coalition, demandant aux Nations-unies de revenir en Irak, mais il exige d'autres informations, notamment celles afférentes à la sécurité du personnel onusien, avant de se prononcer sur son retour. Un retour considéré comme une simple question de temps par les observateurs. Le premier contact du secrétaire général de l'ONU avec l'administrateur en chef américain, Paul Bremer et une délégation du Conseil provisoire irakien de gouvernement, s'est déroulé à la satisfaction de tous, permettant de passer en revue la situation en Irak. C'est justement la situation induite par les derniers événements dans ce pays qui a incité les Etats-Unis, certes dans un but intéressé, à faire appel aux compétences, reconnues, des Nations-unies. Quant aux Irakiens, qui veulent sortir de leur tête-à-tête avec les Américains, un retour de l'ONU serait le bienvenu. Aussi, les conditions étaient-elles réunies pour faire de cette rencontre un point de départ pour l'éventuel (ré)engagement des Nations unies dans le dossier irakien. Kofi Annan, qui s'est félicité du succès de cette réunion, à laquelle il a d'ailleurs appelé, nuance néanmoins les affirmations des uns et des autres, indiquant «Nous sommes tombés d'accord sur le fait qu'il fallait de plus amples discussions au niveau technique». De fait, si le secrétaire général de l'ONU n'écarte pas l'éventuel retour de son organisation en Irak, il demande toutefois à ce que ce retour soit bien réfléchi et surtout entouré de toutes les garanties nécessaires pour assurer la sécurité du personnel de l'ONU. C'est ce manque de sécurité dont l'ONU a souffert l'été dernier, ses représentations ayant été la cible d'attentats suicide, dont son représentant spécial pour l'Irak, le Brésilien Sergio Vieira de Mello, qui a été l'une des victimes. Outre cet aspect spécifique à l'éventuel retour de l'ONU, la réunion tripartite a également étudié la sollicitation des Irakiens, demandant un avis sur la faisabilité d'élections au suffrage universel direct, d'ici à mai, comme l'exigent notamment les Chiites. De fait, les Nations-unies n'ont pas été associées à la mise au point de l'accord intervenu le 15 novembre dernier entre la coalition et le Conseil provisoire irakien, qui fixe les étapes de transfert de souveraineté aux Irakiens lequel doit intervenir d'ici à la fin de l'année prochaine. Or, les Chiites contestent le fait que les Assemblées, qui vont jouer un rôle névralgique dans la mise en forme des futures institutions de l'Irak, notamment la mise au point de la Constitution du pays, ne soient pas élues mais désignées indirectement par des assemblées de tribus et de notabilités. Pour les Etats-Unis cette contestation présente un imprévu embarrassant, dans la mesure où la désignation - indirecte de ces assemblées - est en totale contradiction avec leur philosophie sur la démocratie et les libertés collectives et individuelles. D'ailleurs, le représentant britannique de la coalition en Irak, Jeremy Greenstock, reconnaît que la question «des élections est légitime et l'ONU avec son expertise peut apporter des perspectives». Toutefois, cette expertise n'est possible qu'avec le retour de l'ONU en Irak. Se voulant rassurant, l'administrateur américain, a indiqué à ce propos «Nous avons redit notre offre d'assurer tout le soutien possible à la sécurité du personnel de l'ONU». En réalité, «un large consensus» s'est dégagé quant à l'importance du rôle de l'ONU. Ce que relève le secrétaire général de l'ONU, qui estime qu'il «y a un large accord autour du fait que l'ONU aura un rôle important à jouer (...) Nous serons aussi actifs dans la reconstruction, sur le terrain humanitaire et les droits de l'Homme», assurant : «L'unique objectif de l'ONU est d'aider le peuple d'Irak. Nous voudrions voir un consensus aussi large que possible parmi les Irakiens sur ce qui doit être fait (...) et sur le rôle que l'ONU pourrait jouer». de fait, les Irakiens ne cachaient pas leur satisfaction après la rencontre de lundi avec M.Annan. Ainsi, Mouaffak Roubaï, membre chiite du gouvernement provisoire indique «Je pense que ce qui s'est passé lors des réunions de New York représente une importante réalisation pour le processus politique en Irak et pour les Irakiens» ajoutant «Nous avons obtenu ce que nous voulions avec l'envoi d'une mission pour examiner la possibilité de tenir des élections d'ici à fin mai» soulignant par ailleurs que «le Conseil de gouvernement souhaite voir l'ONU l'aider pour ne pas laisser les Etats-Unis agir seuls en Irak». En fait, toutes les options restent ouvertes quand les Etats-Unis admettent enfin que les Nations unies sont incontournables