L'ancien chef de gouvernement, qui désirait faire cavalier seul, aurait été encouragé par l'intérêt international qu'a suscité ce groupe. Le groupe des onze, qui s'appellera dès demain, lors de son conclave au siège du RCD, le groupe des douze, va accueillir officiellement un nouveau venu de taille. Des sources proches du groupe, sous le couvert de l'anonymat, précisent qu'il s'agit de l'ancien chef de gouvernement, Sid-Ahmed Ghozali. Ce dernier, qui avait retiré les formulaires de collecte des signatures la semaine passée, souhaitait faire cavalier seul, comme le laissaient entendre des indiscrétions de ses proches. SAG, ajoutent les mêmes sources, aurait été victime des pratiques anti-démocratiques des institutions locales proches de Zerhouni, ce qui l'aurait encouragé à considérer que ce groupe n'était pas dans le faux ni ne cherchait, comme le prétendent certains, à déboulonner par tous les moyens le président Bouteflika. Cet ancien diplomate en vue, aurait fini par arrêter sa décision à la suite de la grande victoire enregistrée par le groupe des onze lorsque L. W.Craner, un très haut responsable américain en tournée en Algérie, a émis le voeu de rencontrer les animateurs de ce groupe. Difficile de laisser indifférent désormais, comme nous le précisent des sources qui estiment que «l'opposition politique en Algérie a enregistré une très grande victoire de par l'intérêt international indéniable qu'a soulevé notre démarche». La rencontre des douze, attendue mercredi après-midi au siège national du RCD, aurait à se pencher sur l'état d'avancement de la plainte contre Zerhouni, la façon dont il aurait répondu aux exigences du groupe concernant la collecte des signatures, mais aussi la manière dont il sera procédé incessamment à l'interpellation de toutes les institutions du pays, à commencer par l'ANP. Des sources, très proches du groupe, qui se félicitent de cette nouvelle adhésion, dont nous apprenons l'existence en exclusivité, nous racontent en outre les «minutes» de l'entrevue d'une heure et demie qui avait eu lieu dimanche à la permanence d'Ahmed Benbitour. Le responsable américain aurait ainsi confirmé être l'envoyé spécial du président Bush, à la suite de la visite du secrétaire d'Etat, Collin Powell. Cet intérêt croissant concerne directement le fameux discours dans lequel il insistait sur «la nécessité de promouvoir la démocratieen Afrique du Nord et au Moyen-Orient». Chacun des onze participants, nous dit-on encore, a eu droit à la parole, ce qui leur a permis de mettre en exergue les points sombres déjà soulevés dans les trois déclarations de ce groupe, le tout étayé par des exemples précis et absolument imparables. Il a ainsi été question de l'utilisation des deniers publics, le harcèlement contre la presse, la vassalisation de l'administration, la fermeture des médias publics à l'expression plurielle, l'instrumentalisation de la justice, les ingérences dans les affaires internes des partis politiques refusant de s'inscrire dans la dynamique du pouvoir, les pressions et menaces exercées sur les citoyens désirant accorder leurs signatures aux candidats de l'opposition et les contraintes techniques diverses mises en place en vue d'empêcher ces candidats d'atteindre le seuil psychologique et légal des fameux 75.000 paraphes. Le responsable américain des droits de l'homme et de la démocratie aurait ainsi déclaré, en guise de conclusion, qu'il repartait chez lui avec la ferme conviction que «les normes démocratiques en Algérie sont en deçà de ce qui est attendu». Il a également souligné avec force, «démentant les rumeurs colportées faisant état du soutien dont jouirait Bouteflika de la part de certaines puissantes chancelleries occidentales, que Washington ne soutient aucun candidat». Enfin, il a assuré les présents que son pays «suivra de très près le déroulement du scrutin dans ses diverses phases». On croit savoir que d'autres ambassades occidentales éprouveraient les mêmes sentiments même si elles se gardent de les exprimer pour le moment. Dans tous les cas de figure, et depuis que l'ANP a souligné elle aussi, observer une «neutralité active» vis-à-vis de ce scrutin, la sortie de ce responsable américain constitue la plus sérieuse mise en garde contre les velléités de fraude émanant de certains cercles gouvernementaux et administratifs. L. W. Craner, en effet, a insisté sur la nécessité de «lever l'état d'urgence, mieux surveiller les dépenses publiques, ouvrir les médias publics à tous les courants politiques, cesser les harcèlements contres la presse...». Il avait aussi souligné, non sans raison, qu'une campagne électorale ne se déroule pas durant les 20 derniers jours qui précèdent la date du scrutin. L'allusion, qui concerne directement le président et ses plus proches cercles, a trait à ses déplacements, ses distributions d'argent, les couvertures médiatiques qui en sont faites, alors que dans le même temps, les activités du groupe des onze continuent de faire l'objet d'un black-out tout simplement inexplicable.