Jamal Gamra C'est avec un sourire discret, un regard clair qui charrie infiniment de jeunesse, que le nouveau ministre tunisien du Tourisme a reçu des journalistes algériens qui se trouvaient à Tunis dans le cadre d'un Eductour organisé par l'Office tunisien du tourisme. L'Expression: M. le ministre, comment va le secteur du tourisme en Tunisie, deux années après la révolution? Jamal Gamra: Le tourisme est notre oxygène. Nous investissons dans ce secteur, on innove, on avance et on est à l'écoute de ce qui se fait de par le monde. Nous sommes un gouvernement de technocrates guidés par l'intérêt du pays. Nous n'avons pas des objectifs partisans car nous n'avons pas d'attaches politiques. Du reste, nous avons un agenda clair. Il faut constituer un gouvernement légitime avant la fin de l'année 2013. Nous agissons selon une vision très claire et notre mission première est d'arrimer le pays vers des rivages sereins. C'est une mission extrêmement délicate, surtout que nous travaillons à très court terme, mais nous ne perdons pas le cap et nous gardons en tête que le tourisme est un axe stratégique dans notre action. Nous devons préserver cette activité qui emploie près de deux millions de Tunisiens. Qu'en est-il de la situation des frontières avec l'Algérie? Comment sécuriser les voies de passage des touristes algériens où certains dépassements ont été signalés, voire même provoqués? Dès ma nomination à la tête de se secteur, il y a dix jours, mon staff et moi avons décidé d'entamer quatre actions primordiales. La première porte sur la sécurité. Il faut absolument rétablir la sécurité sur tout le territoire du pays. C'est la première priorité. La deuxième action qui va toujours dans le même souci de renforcer la sécurité, concerne les budgets alloués aux différents postes frontaliers d'entrées des touristes. Le but étant de sécuriser nos routes. Il y a eu, en effet, quelques légères perturbations incommodantes, notamment quand il s'agit de couper les routes pour des revendications. Plus jamais de routes coupées en Tunisie. D'ailleurs, demain (vendredi 29 mars Ndlr) on a une rencontre avec le ministre de l'Intérieur pour aborder plus profondément cette question. La troisième action, est l'implication de tous les professionnels du secteur. Tout le monde doit s'y mettre pour satisfaire la demande de ceux qui nous font confiance. Enfin, la dernière action portera sur un mode de communication plus efficace envers nos clients. Quelles sont vos ambitions avec le marché algérien? Notre ambition est d'abord d'arriver aux millions de visiteurs algériens comme cela a été le cas en 2010. Je dis visiteurs, car nous ne considérons pas nos frères algériens comme des touristes mais comme des visiteurs dans leur pays. Ils sont chez eux. Je vais d'ailleurs effectuer une visite en Algérie en mai prochain en vue de renforcer les relations bilatérales entre la Tunisie et l'Algérie dans le domaine touristique et d'oeuvrer pour un meilleur rapprochement des opérateurs touristiques des deux pays. Vous allez mener une forte campagne médiatique en Algérie alors... Oui, elle va se décliner dans les quelques semaines à venir. C'est un programme qui touchera les télévisions, les radios, les journaux ainsi que des campagnes d'affichage. A cela, il faut ajouter le fait que nous participons à tous les Salons du tourisme (Oran et le Sitev qui aura lieu en mai prochain). Comment appréhendez-vous la donne salafiste qui fait son apparition en Tunisie? Je vous dis en tant que citoyen que ce phénomène existe. Cependant, le gouvernement a placé les lignes rouges à ne pas dépasser. Comme par exemple prendre les armes ou toucher aux libertés individuelles. Le chef du gouvernement a été très clair sur cette question et a fait des déclarations très fortes. Mais croyez-moi, on est très loin des rapports alarmistes diffusés par certains. Aujourd'hui, la Tunisie évolue vers une société ouverte où chacun vit sa liberté sans toucher à celle des autres. Le tourisme est justement le garant de cette ouverture et une digue contre toute tentative d'extrémisme.