Des miliciens armés encerclent le ministère des Affaires étrangères à Tripoli Initialement, ces hommes armés réclamaient l'adoption d'une loi bannissant de la vie politique, les collaborateurs du dictateur déchu Mouamar El Gueddafi. Les miliciens, qui assiègent deux ministères à Tripoli depuis une semaine, sont des ex-rebelles ou des islamistes semblant déterminés à obtenir toutes les concessions possibles des autorités, estiment des analystes. Initialement, ces hommes armés réclamaient l'adoption d'une loi bannissant de la vie politique les collaborateurs du dictateur déchu Mouamar El Gueddafi. Pourtant, après avoir obtenu gain de cause, certains d'entre eux continuent leur action, réclamant désormais la tête du Premier ministre Ali Zeidan. Ces miliciens se proclament des «thowars» qui ont combattu les forces de Mouamar El Gueddafi jusqu'à la mort de ce dernier en octobre 2011. Mais, selon l'analyste politique Issam Zoubeir, il s'agit en fait d'un mélange hétéroclite «de combattants armés et de civils de tendances politiques diverses, motivés par des ambitions personnelles, même si leur objectif affiché est de +rectifier le processus de la révolution+ qu'ils estiment biaisée par la présence dans l'administration d'anciens collaborateurs d'El Gueddafi». «Ces protestataires ne disposent d'aucune assise au sein de l'opinion publique nationale», souligne de son côté le politicien Mohamed al-Senoussi. D'après lui, «ces milices profitent à chaque fois de revendications légitimes pour recourir à des démonstrations de force pour impressionner et combler leur perte d'influence au sein de la société libyenne». Considérés comme des héros à l'issue du conflit libyen de 2011, les ex-rebelles, organisés depuis en milices aux idéologies et motivations diverses, sont accusés aujourd'hui de tous les maux du pays, en particulier l'insécurité persistante. Ces groupes armés, qui ont bénéficié de salaires et différents avantages de la part des autorités de transition, profitent également de leurs positions pour se livrer à des actes illicites en toute impunité. Le gouvernement promet régulièrement la fermeté contre ces «milices hors-la-loi». Mais en pratique, les autorités évitent tout recours à la force pour «préserver des vies», selon elles. Ces ex-rebelles sont souvent accusés d'être manipulés par des politiciens, bien qu'aucun parti politique ni organisation n'ait revendiqué ouvertement ce mouvement de protestation armée. Des observateurs et des politiciens pointent du doigt les Frères musulmans qui étaient les initiateurs de la loi controversée et qui cherchaient notamment à exclure leur rivaux, en particulier Mahmoud Jibril, le chef de l'Alliance des forces nationales (AFN, libérale), qui a remporté les dernières législatives du 7 juillet. Visé par la nouvelle loi, M.Jibril a collaboré avec le régime de Mouamar EL Gueddafi durant les dernières années de son pouvoir avant de rejoindre en 2011 la rébellion dont il a été le Premier ministre. M.Zeidan, considéré comme proche des libéraux, a accusé récemment des personnalités ayant perdu les dernières élections d'être derrière le mouvement de protestation, sans toutefois citer de noms. L'ex-président du Conseil national de transition, bras politique de la rébellion, Moustapha Abdeljalil, a de son côté accusé ouvertement les «Frères musulmans de vouloir contrôler le pays». «La seule façon pour les autorités de sortir de cette crise est de dialoguer avec (ces hommes armés) pour arriver à une solution de compromis», estime Ibrahim al-Karaz professeur de sciences politiques à l'université de Tripoli. Car, selon lui, «ces hommes armés sont des jeunes qui se sont sacrifiés durant la révolution mais se sont retrouvés au final marginalisés. Ils estiment être des laissés-pour-compte de la révolution libyenne» D'autres comme M.Senoussi plaident au contraire pour la fermeté face à ces miliciens, mettant en garde contre «es concessions qui inciteraient d'autres groupes armés à recourir aux armes pour arriver à leurs fins».