Adressée par George Bush à Bouteflika, elle est un signe indéniable de l'importance qu'accordent désormais les Etats-Unis à l'Algérie, en tant que pays pivot du continent africain. Il est certes évident que les attentats du 11 décembre dernier ont agi comme un catalyseur sur la décision de Washington d'intensifier ses relations avec Alger. La nécessité de coordonner la lutte antiterroriste mondiale entre les deux capitales est l'un des motifs les plus en vue. Cela dit, le réchauffement des relations algéro-américaines ne date pas d'hier. Les premiers contacts sérieux ont pris forme au lendemain de l'élection présidentielle d'avril 99 et ont gagné en qualité avec la présidence algérienne de l'OUA, où l'on a noté le rôle de leader incontesté de l'Afrique dont a fait montre l'Algérie durant son mandat à la tête de l'Organisation panafricaine, en mettant fin au conflit érythro-éthiopien notamment. Cet épisode historique de la vie du continent noir a conduit les Etats-Unis à s'intéresser de plus près à l'Algérie en tant qu'axe privilégié de sa stratégie en Afrique. L'intérêt des Américains a commencé à se manifester de manière plus sérieuse avec l'arrivée de George W.Bush à la Maison-Blanche. Les échanges entre les deux pays ont gagné en importance, et l'Algérie est devenue une capitale qui compte dans la politique étrangère américaine. La visite d'Etat effectuée par Bouteflika à Washington le 12 juillet dernier constitue une étape déterminante dans les relations entre les deux nations et démontre, si besoin est, la volonté de la première puissance mondiale de faire un bout de chemin en compagnie de l'Algérie, dont l'aura en Afrique et dans le monde s'impose comme une donnée incontournable sur le plan politique international. C'est ainsi que le jour même du double attentat contre le World Trade Center et le Pentagone, les yeux du monde et ceux des Américains en premier se sont tournés vers Alger, guettant la réaction de Bouteflika sur le sujet. Le discours du Président de la République sur le terrorisme international a été apprécié par bon nombre de capitales de par le monde, Bush lui-même a perçu dans les déclarations de Bouteflika sur la question, une vision globale et cohérente. En effet, le chef de l'Etat prend en considération la légitimité des USA de se défendre contre le fléau terroriste, mais lui dénie le rôle de gendarme du monde. Plus audacieux que d'autres, Bouteflika a clairement déclaré qu'il n'existait pas de guerre propre, cela bien avant que les médias internationaux fassent état des bavures de l'armée US. Un esprit indépendant qui n'a pas empêché le président américain de vouloir à tout prix approfondir les relations entre son pays et le nôtre. Aussi, a-t-il officiellement demandé l'aide de Bouteflika dans le cadre de la lutte antiterroriste et ses conseils sur la question du Proche-Orient. Avant-hier, c'est une invitation qu'il lui adresse pour un entretien à la Maison-Blanche. Pour les observateurs avertis, c'est là un geste rarissime de la part d'un président américain à l'adresse d'un chef d'Etat d'une nation encore à la traîne du développement. C'est donc manifestement un point pour la diplomatie algérienne, mais surtout pour l'Algérie.