La véritable motivation de l'union tant convoitée par le candidat du MRN, transcende les considérations techniques invoquées En voulant s'allier avec Taleb El Ibrahimi et Ali Benflis, deux candidats potentiels à la présidentielle, en vue de «surveiller le scrutin», Djaballah semble se projeter dans le deuxième tour. En cette période de grandes alliances conjoncturelles, la démarche du leader islamiste ne saurait être «innocente» de calculs électoralistes. En effet, l'argument de surveillance paraît trop court pour expurger cette éventuelle alliance de ses visées politiques réelles. A propos, il y a lieu de rappeler que Djaballah a refusé d'intégrer le groupe des dix dont l'objectif est de «s'ériger en rempart contre la fraude déjà programmée». De plus, il venait de déclarer à partir de Londres où il était en précampagne électorale que «toutes les conditions juridiques sont réunies pour le déroulement de l'élection présidentielle». Ainsi, la véritable motivation de l'union tant convoitée par le candidat du MRN transcende les considérations techniques invoquées. Une telle démarche, à juste titre d'ailleurs, ne peut avoir d'autres explications que celle de vouloir s'assurer un appui «conséquent» surtout que le président-candidat, le principal favori, a eu le sien. Et ce, vraisemblablement, en prévision du deuxième tour. Un scénario auquel semble adaptée la stratégie électorale de Djaballah. Ce dernier ne s'est jamais estimé tout petit pour un tel exploit. Les précédentes législatives où il a occupé le troisième rang juste après le FLN et le RND l'ont laissé rêver d'atteindre El-Mouradia. Tout comme la neutralité affichée par la grande muette, du moins publiquement, de reconnaître le futur président «fût-il Djaballah». Donc, si les choses se passaient ainsi, Djaballah devrait faire valoir le poids de ses «alliés» afin de créer une sorte d'équilibrage face à l'alliance présidentielle composée du RND, MSP et les «redresseurs» du FLN. Benflis et El Ibrahimi, vu leur ancrage politique certain, pourraient bien assumer un pareil rôle. C'est à partir de là, qu'on comprend mieux le discernement du numéro un du MRN en «éliminant» de la «coalition anti-fraude» qu'il compte mettre sur pied tous les prétendants sauf Benflis et El Ibrahimi. Ceux-là mêmes qui représentent un profil avantageux. Il s'attendrait à ce qu'ils transmettent des consignes de vote en sa faveur du moment qu'ils ont maille à partir avec le candidat Bouteflika. Tel est l'objectif stratégique, non déclaré, de Djaballah. Néanmoins, en l'état actuel des choses, on est encore loin de cette situation. Cela d'une part, d'autre part, même si le scénario évoqué venait à se préciser, il serait peu probable que les «alliés» en point de mire pactisent avec le candidat islamiste afin de tenir en échec Bouteflika. L'enjeu est trop sérieux pour banaliser un deal de ce genre. Il va de l'avenir de la nation algérienne.