En parcourant plus de 20 wilayas en 2013, Abdelmalek Sellal est visiblement et médiatiquement entré dans le costume d'un présidentiable. Depuis quelques mois, son nom est cité comme un candidat sérieux à l'élection présidentielle de 2014. Comme pour son poste de Premier ministre, Abdelmalek Sellal alimente toujours les rumeurs, les analyses et surtout les scénarios politiques en tout genre. Mais concrètement, Abdelmalek Sellal est bien lancé pour occuper le poste du futur président de la République. Bénéficiant de la confiance du Président Bouteflika (il fut son directeur de campagne en 2004 et 2009), Sellal est bien armé politiquement et médiatiquement pour succéder à l'actuel chef de l'Etat. Et pourtant rien ne prédestinait ce diplômé de l'ENA à un parcours inédit dans le paysage politique algérien. Depuis environ 30 ans, l'homme a occupé tranquillement et sans bruit des postes de responsabilité dans plusieurs wilayas du pays. Apolitique, Sellal est avant tout un véritable commis de l'Etat. Il a exercé des responsabilités locales et régionales. De chef de daïra à Arzew en 1977 à wali à Boumerdès, Adrar, Sidi Bel-Abbès, Oran et Laghouat. Des wilayas avec lesquelles il a entretenu une relation à la fois humaine et culturelle. Il a gardé de chacun de ses passages, une anecdote originale qui lui servira plus tard de «lumière» dans sa carrière politique imprévisible. Diplômé de l'ENA en 1974, dans la section diplomatie, Sellal n'a pourtant connu qu'une seule destination internationale: la Hongrie, où il a été ambassadeur de 1996 à 1997, gérant des affaires diplomatiques à la fois de la Hongrie, de la Slovénie et de la Croatie. C'est à partir de 1998, que sa véritable carrière politique commença avec un poste important de ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales et de l'Environnement, dans le gouvernement de Smaïl Hamdani. Depuis, il ne quittera pas le gouvernement et occupera des portefeuilles ministériels à la fois sensibles et stratégiques comme celui de la jeunesse et des sports, des travaux publics, des transports et le dernier des ressources en eau. Homme de dialogue et surtout d'écoute, Sellal a toujours respecté les directives du chef de l'Etat. Ce dernier a bénéficié, non pas d'une confiance politique du Président Bouteflika, mais surtout d'une confiance fraternelle du Président, ce qui n'était pas donné à n'importe quel haut responsable. Depuis 2004, il est devenu son directeur de campagne, l'homme à qui il confie sa stratégie médiatique et sa pensée politique. Quand Bouteflika avait gagné dans une bataille politique très serrée l'élection présidentielle, tout le monde attendait de voir Sellal comme futur chef du gouvernement. Ce n'était que partie remise, puisque Ahmed Ouyahia a été reconduit. Une décision politique qui n'a pas déstabilisé ni dérangé l'homme, puisque de puissant directeur de campagne du candidat élu Bouteflika, Sellal est revenu avec le sourire large à son modeste poste de ministre des Ressources en eau sur les hauteurs de Kouba. Même situation en 2009. Contrairement à d'autres minis- tres qui ne rêvent que du pouvoir absolu et des hautes responsabilités, Sellal sait attendre sa destinée. Ce n'est qu'en 2012, qu'il est désigné, à la surprise générale, par le président de la République comme Premier ministre. Soit plus de huit ans après le premier geste de confiance accordé par Bouteflika à Sellal. Même avec ce poste, Sellal ne se vante pas et ne s'imagine pas dans la peau du futur président. «Il fait son métier et c'est tout», affirme un proche. En parcourant plus de 20 wilayas en 2013, Abdelmalek Sellal est visiblement et médiatiquement entré dans le costume d'un présidentiable et cette situation nous rappelle la campagne (qui n'avait pas dit son nom) de Bouteflika quand il avait sillonné plus de 30 wilayas entre 2003 et 2004, quelques semaines avant la présidentielle. Pour ses détracteurs, les récents couacs en communication de Sellal ne font pas de lui un futur candidat, pour d'autres, le déficit en communication n'a jamais été un handicap pour devenir un président de la République. Les passages de Chadli, de Zeroual et de Boumediene à ses débuts, ont démontré qu'un chef d'Etat pouvait accéder à la magistrature suprême en améliorant à fur à mesure son éloquence et sa prestation diplomatique. Avec la maladie du président, l'absence de candidat partisan et surtout de pointure importante, Sellal est bien placé pour être un candidat sérieux à la présidentielle de 2014. Un candidat qui n'aurait pas volé sa place puisqu'il a bâti son parcours et sa réputation sur le travail pour la République et le sacrifice pour le pays. Mais en attendant, et vu son rythme de travail et son agenda politique, Sellal est devenu le Premier ministre de l'action et pas un Premier ministre des paroles.