Va-t-on vers un contrôle plus strict de Facebook et de You Tube, principaux sites visités par les Algériens? L'Algérie a décidé de mettre en place un point d'échange Internet au niveau national afin d'avoir une interconnexion directe entre les fournisseurs d'accès au Web sans passer par les réseaux étrangers. C'est en tout ce qu'a annoncé hier à Alger la ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Zohra Derdouri, à l'occasion du 2e Forum arabe sur la gouvernance de l'Internet. Interrogé sur l'absence des Américains, principaux fournisseurs de plates-formes Internet à cette conférence, la ministre de la Ptic a déclaré que les Etats-Unis ne sont pas associés à cette décision, précisant que le gouvernement algérien a pris la décision seul d'avoir un point d'échange Internet au niveau national afin de permettre à tous les fournisseurs Internet de se connecter à ce point d'échange sans avoir à passer par les fournisseurs étrangers, principalement occidentaux. Ce point d'échange Internet a précisé la ministre, permettra un gain économique «extraordinaire» et des «avantages» dans le temps de latence (temps de réponse réduit au maximum entre deux internautes connectés) ainsi que dans la bande passante, a-t-elle expliqué. «Ce point d'échange sera administré par l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (Arpt), qui est une institution neutre», a-t-elle ajouté, précisant «qu'il a fallu élaborer une réglementation, une charte qui va permettre à tous les fournisseurs d'Internet de respecter certaines règles». Mme Derdouri a, à cette occasion, indiqué que le 2e Forum arabe sur la gouvernance de l'Internet va aborder la possibilité d'avoir un point d'échange Internet entre tous les pays arabes. Cette décision soulève tout de même de nombreuses questions: va-t-on vers un contrôle plus strict de Facebook et de You Tube, principaux sites visités par les Algériens? La ministre qui était il y a quelque temps, «la gendarme des télécoms» à la tête de l'Arpt, a déclaré à ce propos: «Il n' y aura pas de contrôle de Facebook, mais les échanges entre internautes algériens seront administrés par lArpt.» Mais pour certains spécialistes avertis, cette pratique vise essentiellement à éviter le contrôle des données algériennes et éviter toute fuite d'information vers les Etats-Unis. «Ce contrôle de l'Internet au niveau local, existe déjà dans certains pays européens, mais aussi en Chine, en Russie, en Inde et dans certains pays d'Amérique latine, qui ont installé un système Intranet parce qu'ils ne souhaitaient pas que la NSA (Agence américaine de la sécurité) ait un oeil sur tout ce qui passe sur eux sur les réseaux sociaux américains comme Facebook ou Twitter et les plates-formes de courriers électroniques comme Hotmail, Yahoo ou Gmail et surtout sur les plates-formes de recherche comme Google. Pour d'autres spécialistes plus avertis, le point d'échange Internet au niveau local est d'ordre économique et se fait sans coût supplémentaire. Le trafic passant par un point d'échange n'est pas facturé alors que les flux vers le fournisseur de trafic à l'étranger du fournisseur d'accès à l'Internet (FAI) le sont. Par ailleurs, Mme Zohra Derdouri a mis l'accent sur le «besoin» des pays arabes de renforcer leur coopération et d'échanger leurs expériences à tous les niveaux, estimant que le Forum arabe sur la gouvernance de l'Internet constitue «un espace de dialogue» entre les partenaires de ces pays. Interrogé sur une éventuelle alliance algéro-égyptienne contre l'invasion électronique américaine, la ministre a répondu en affirmant qu'il n' y a aucune alliance entre l'Egypte et l'Algérie en matière d'Internet, mais n'exclut pas l'établissement à l'avenir, de coopération entre les pays arabes et l'Algérie en vue d'améliorer le contrôle de l'Internet au niveau arabe, et cela afin de préserver son identité, sa culture et sa cohésion sociale. A noter enfin, la présence en force à cette conférence de gouvernance de l'Internet par les pays arabes, de la délégation égyptienne conduite par le ministre égyptien de la Communication et des Technologies de l'information, Atef Hilmi et la présence des Tunisiens, des Koweïtiens et des Saoudiens mais l'absence fort remarquée des Qataris, qui voit cette conférence comme un front ouvert et direct contre les révolutions arabes qui avaient été initiées par les médias qataris, notamment Al Jazeera, qui ont utilisé Internet comme une véritable banque de données d'images pour meubler ses journaux télévisés.